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Édition du vendredi 22 mars 2024
Politique
Bonsoir ! Chaque vendredi à 18 heures, la rédaction du « Monde » résume et décrypte dans votre boîte mail l’actualité politique de la semaine. Bonne lecture !

L’INFO DE LA SEMAINE


Le Sénat inflige un revers au gouvernement sur le CETA

C’est un revers considérable pour l’exécutif : le Sénat a rejeté, jeudi 21 mars, la ratification du CETA, cet accord de libre-échange qui prévoit notamment la suppression de la quasi-totalité des barrières douanières entre l’Union européenne et le Canada. Le traité est appliqué de façon provisoire depuis 2017, mais n’a été ratifié que par dix-sept Parlements européens sur vingt-sept. L’article premier, dans lequel était inscrite la ratification de l’accord, a été supprimé à 211 voix contre 44, avant que le projet de loi ainsi modifié ne soit adopté à 243 voix pour, 26 contre. « C’est aujourd’hui une très mauvaise journée pour notre économie », s’est lamenté le ministre délégué chargé du commerce extérieur, Franck Riester.

Lire aussi : CETA : au Sénat, les oppositions de gauche et de droite infligent un revers au gouvernement

Le texte, difficilement voté par les députés en 2019, n’avait jamais été inscrit à l’agenda du Sénat par l’exécutif, qui redoutait d’être mis en échec. Ce sont les sénateurs communistes qui ont décidé de l’inscrire à l’ordre du jour à l’occasion de leur niche parlementaire. L’enjeu des rapports avec le monde agricole a écrasé toutes les autres dimensions du débat. Les éleveurs bovins sont résolument opposés au traité, craignant l’importation de viandes canadiennes produites dans des normes différentes. Certaines filières défendent pourtant l’accord, comme la filière viticole, qui estime que ses exportations vers le Canada ont augmenté de 50 % entre 2016 et 2022.

Lire aussi : CETA : tout comprendre à l’accord commercial controversé entre l’UE et le Canada avant un vote crucial cet après-midi au Sénat

C’est dans ce contexte tendu qu’une alliance de circonstance s’est dessinée au Sénat entre les élus de droite et de gauche. Les détracteurs du CETA ont été montrés du doigt par les centristes et les macronistes du Sénat, accusés de faire de l’accord commercial une « victime collatérale » pour satisfaire des intérêts électoralistes, à l’approche du scrutin européen. Le vote contre des sénateurs n’a pour le moment qu’une portée symbolique. Mais les députés communistes ont annoncé reprendre le projet de loi dans leur niche du 30 mai. Ils parient sur un rejet du CETA dans une Assemblée où le gouvernement ne détient plus la majorité absolue.

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L’IMAGE DE LA SEMAINE

BERTRAND GUAY / AFP

Jean-Luc Mélenchon était à la tribune, au Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis), le 16 mars, à l’occasion du premier meeting de La France insoumise (LFI) pour les élections européennes, dont la liste sera menée par l’eurodéputée Manon Aubry. Un meeting au cours duquel il a été peu question d’Europe. « Si vous ne voulez pas de la guerre, votez “insoumis” ! », a ainsi lancé Jean-Luc Mélenchon, avant d’évoquer la situation en Ukraine et dans la bande de Gaza. Le parti se positionne à la pointe de la défense des Palestiniens, espérant mobiliser les électeurs de banlieue, un choix qui ne fait pas l’unanimité en interne. Le leader de LFI, surtout, voit déjà plus loin que le 9 juin. « Oui, on a le droit de le dire : l’élection européenne de 2024 prépare l’élection présidentielle de 2027 », a-t-il assuré lors du meeting. « Je fais partie des hypothèses », a-t-il ajouté, le lendemain sur France 3. Pourquoi un tel empressement à se projeter ? A gauche, on y voit la volonté de tuer dans l’œuf toute autre option, alors que des personnalités, comme le député de la Somme François Ruffin, émergent médiatiquement.

Lire aussi : Présidentielle 2027 : Jean-Luc Mélenchon lance les hostilités pour prendre de court ses concurrents



LE CHIFFRE


15,2 milliards d’euros

En 2023, l’administration fiscale a mis en recouvrement 15,2 milliards d’euros. Soit 600 millions de plus qu’en 2022, a annoncé, mercredi 20 mars, le premier ministre, Gabriel Attal, en se félicitant de « montants records ». Près d’un an après avoir présenté, en mai 2023, alors qu’il était encore ministre délégué chargé des comptes publics, son plan de lutte contre « toutes les fraudes », M. Attal a rendu public un bilan d’étape de chantier. « La fraude fait 70 millions de victimes, a-t-il rappelé. C’est aussi un impôt caché sur les Français de classe moyenne, qui travaillent et qui respectent les règles. » Ces résultats sont à ses yeux « historiques » : une affirmation qui a fait bondir plusieurs élus du Parti socialiste, qui ont rappelé que le total des montants redressés en 2015 dépassait les 21 milliards d’euros. Contacté par Le Monde, le cabinet du premier ministre a mis en avant des différences de périmètre et de mode de calcul.

Lire aussi : Lutte contre la fraude : Gabriel Attal accusé d’avoir embelli son bilan en évoquant des résultats « historiques »



LA PHRASE

« L’aile Madame est toujours plus puissante quand le pouvoir présidentiel s’affaiblit »

L’historien Camille Pascal, ancien conseiller (2011-2012) de Nicolas Sarkozy, dans Le Monde

« L’aile Madame » est l’aile est du palais de l’Elysée, dévolue aux premières dames, où Brigitte Macron a pris ses quartiers en 2017 avec deux conseillers, ainsi qu’un passager embarqué, l’ex-éditorialiste de l’hebdomadaire Challenges Bruno Roger-Petit. Ce dernier – qui a le titre de « conseiller mémoire » – est considéré par tous comme le nouvel homme fort du palais, qui pousse pour que soit entendue la demande de « conservation » et de « régénération » qui émanerait du peuple français, selon lui. Pour preuve, les dernières déclarations d’Emmanuel Macron sur le « rendez-vous avec la nation » ou l’uniforme à l’école. Dans l’aile est, on est persuadé que l’épaisseur d’une présidence se forge aussi dans un jeu de symboles. Une constante sous la Ve République, selon l’historien Camille Pascal, qui observe que l’aile Madame devient toujours « une dernière tranchée, un recours ». Ce fut le cas sous les Chirac : effacée au début du septennat, Bernadette Chirac prend peu à peu son indépendance politique, avec les pièces jaunes et son franc-parler, et devient populaire à mesure que l’aura de son mari pâlit.

Lire aussi : A l’Elysée, la revanche de Bruno Roger-Petit, récit d’une discrète lutte d’influence autour d’Emmanuel Macron



LE DÉCRYPTAGE

Réunion de crise autour d’Emmanuel Macron pour parler mauvais sondages et finances dans le rouge

Le chef de l’Etat a réuni, mercredi soir, cadres du gouvernement et de la majorité à trois mois des élections européennes, alors que la liste Renaissance-MoDem-Horizons reste distancée de plus de dix points par celle du RN.

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LA SEMAINE POLITIQUE

François Ecalle, l’« influenceur » des finances publiques

A 65 ans, cet ancien haut fonctionnaire, passé par Bercy et la Cour des comptes, fait figure de référence sur le budget, grâce à sa connaissance des chiffres. Au point d’être reçu par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, le 15 mars.

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Grève du 19 mars : la fonction publique se mobilise pour réclamer des hausses de salaire

L’intersyndicale défile unie, mardi 19 mars, pour défendre les 5,7 millions d’agents des trois versants de la fonction publique. C’est dans l’éducation nationale que les perturbations devraient être les plus fortes.

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Nouvelle-Calédonie : « Nous sommes au carrefour des vérités »

Après le Sénat, l’Assemblée nationale a approuvé, lundi 18 mars, le report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie, un préalable à l’incertaine et beaucoup plus sensible réforme constitutionnelle.

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Derrière l’ambition de Rachida Dati, la droite parisienne au risque de l’implosion

Sa nomination au gouvernement a semé le trouble chez Les Républicains parisiens, dont elle était jusqu’ici la candidate désignée pour les élections municipales en 2026. Si officiellement, elle reste membre du groupe de droite, certains aimeraient bien l’évincer.

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Elections européennes : la difficile union des candidats au « Frexit »

Nicolas Dupont-Aignan, François Asselineau et Florian Philippot souhaitent tous rejoindre un Parlement européen qu’ils décrient sans relâche sur Internet.

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L’AGENDA


Samedi 23 mars

Elections européennes. Meeting de lancement de la campagne électorale du parti Les Républicains, avec la tête de liste, François-Xavier Bellamy, et Céline Imart (numéro deux sur la liste), aux Docks de Paris, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

MoDem. Congrès à Blois (jusqu’à dimanche), pour la réélection de François Bayrou – seul candidat – à la tête du parti centriste.

Outre-mer. Congrès du Front de libération nationale kanak et socialiste, le principal parti indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, où sera décidé de relancer ou non le dialogue avec l’Etat et les loyalistes sur les futures relations du territoire avec la France.

Lundi 25 mars

Elysée. Déplacement d’Emmanuel Macron en Guyane et au Brésil, jusqu’au 29 mars.

Mardi 26 mars

Assemblée nationale. Examen de la proposition de loi, portée par le député de la Vienne Sacha Houlié (Renaissance), pour « prévenir les ingérences étrangères en France ».

Rassemblement national. « Etats généraux de l’immigration » organisés par Jordan Bardella, le président du parti.

Vendredi 29 mars

Crise agricole. Présentation du projet de loi d’orientation agricole en conseil des ministres.




DÉBATS ET IDÉES

« Contre l’antisémitisme, nous demandons un minimum commun non négociable »

A l’initiative du collectif « Nous vivrons », plus de soixante-dix personnalités politiques, culturelles ou associatives, dont Elisabeth Borne, Joann Sfar et Mario Stasi, appellent, dans une tribune au « Monde », les candidats aux élections européennes à s’engager « sans détour et sans complaisance » contre l’antisémitisme, dont les actes ont explosé depuis le 7 octobre 2023.

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L’AUTRE SUJET DE LA SEMAINE

Insultes, provocations militaires et cyberattaques : l’agressivité de Moscou envers Paris redouble de vigueur

Depuis qu’Emmanuel Macron a expliqué ne pas exclure d’envoyer des troupes en Ukraine, la tension avec la Russie est montée de plusieurs crans. Et la France n’hésite plus à communiquer ou à répliquer, à l’appui de la nouvelle stratégie présidentielle.

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Le président russe, Vladimir Poutine, le 20 mars, à Moscou. Alexander Zemlianichenko / AP

Le rituel est en passe de s’imposer. Chaque jeudi, à l’occasion de son point presse hebdomadaire, le Quai d’Orsay dénonce l’agressivité de la Russie à l’égard de la France. « Mensonge, instrumentalisation, manipulation : le régime du Kremlin poursuit sa fuite en avant », constate l’un des porte-parole de la diplomatie française, Christophe Lemoine, ce jeudi 21 mars. « Les institutions russes mentent de façon de plus en plus décomplexée, en témoignent les déclarations, ce mardi, du directeur des renseignements extérieurs russes sur l’envoi de soldats français en Ukraine », insiste le diplomate. « Nous ne nous laisserons ni tromper ni intimider », conclut-il, alors qu’au même moment Emmanuel Macron et les dirigeants européens se retrouvent à Bruxelles pour un sommet largement consacré au soutien militaire à Kiev.

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