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Vendredi 1 juillet 2022
Présidentielle 2022
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L’Assemblée nationale en ordre de bataille après une folle semaine d’élections internes

Le Palais-Bourbon aura été au cœur d’une folle semaine politique rythmée par les élections internes, actant l’ouverture de la XVIe législature. Après l’élection de Yaël Braun-Pivet, première femme à accéder à la présidence de l’Assemblée nationale, mardi, puis celle des 21 autres membres du bureau, mercredi, ce sont les responsables des huit commissions permanentes qui ont été désignés jeudi.

Fort de ses 89 députés, le Rassemblement national (RN) a décroché deux des six vice-présidences de l’Hémicycle. L’élection de Sébastien Chenu et d’Hélène Laporte a été rendue possible par l’obtention des voix d’une partie des députés de la majorité et de la droite. Si les députés écologistes ont lancé une tentative de front républicain de dernière minute, elle s’est révélée infructueuse.

Les autres postes de vice-présidence ont été obtenus mercredi par la socialiste Valérie Rabault (socialistes-Nupes), Naïma Moutchou (Horizons-Ensemble !), Elodie Jacquier-Laforge (Démocrate-Ensemble !) et Caroline Fiat (La France insoumise-Nupes). A la questure, Eric Ciotti (Les Républicains) a sauvé son siège – le seul réservé à l’opposition –, tandis que Marie Guévenoux et Eric Woerth ont été élus pour la majorité.

A l’issue d’une autre matinée houleuse jeudi, la Nupes a, cette fois-ci, remporté une bataille-clé avec l’élection du député « insoumis » Eric Coquerel à la tête de la prestigieuse et stratégique commission des finances, face au candidat du RN, Jean-Philippe Tanguy.

Après cette répartition des postes, l’Assemblée est donc prête à s’atteler au travail législatif alors que les oppositions s’y retrouvent en position de force, faute de majorité absolue pour le camp présidentiel. L’exécutif, pressé par la situation politique, ne devrait pas tarder à se mettre, lui aussi, en ordre de bataille.

Lire aussi : A l’Assemblée nationale, l’inexorable normalisation du Rassemblement national après l’obtention de deux vice-présidences

Alors qu’Emmanuel Macron était en déplacement à l’étranger, la première ministre, Elisabeth Borne, a consulté, au fil de la semaine, les dix présidents de groupe de l’Assemblée. Elle doit en rendre compte au chef de l’Etat ce vendredi avec, au menu de leur discussion, la « composition d’un nouveau gouvernement d’action » et l’établissement d’une « feuille de route » pour les prochains mois. Le temps du remaniement, nécessaire après le revers politique enregistré lors des législatives, la défaite de trois ministres puis le départ de Mme Braun-Pivet pour le perchoir, est annoncé pour les prochains jours.

Récit : A l’Assemblée nationale, la folle semaine où le RN s’est institutionnalisé

La député des Yvelines, Yaël Braun-Pivet, arrive au perchoir de l’Assemblée nationale pour prononcer son premier discours en tant que présidente du Palais-Bourbon, mercredi 29 juin.

JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »

Soixante-quatre ans après l’élection de Jacques Chaban-Delmas à la première présidence de l’Assemblée nationale de la VRépublique, Yaël Braun-Pivet, députée des Yvelines, est devenue la première femme à occuper le perchoir du Palais-Bourbon. Un moment historique que l’ancienne présidente de la commission des lois a relevé dès le début de son discours : « Ce pays a eu l’ambition, jadis, de porter un message dont vous êtes, aujourd’hui, les garants : les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit. En me portant à votre présidence, vous donnez aujourd’hui à ce message une portée nouvelle. Je veux donc vous remercier, toutes et tous, élus au suffrage universel direct, qui accomplissez ce geste fort. »

Lire le récit : Yaël Braun-Pivet entre dans l’histoire comme la première femme élue à la présidence de l’Assemblée nationale

« Excusez-moi, je pense à mes amis laissés là-bas… »

José Gonzalez, à l’Assemblée nationale, mercredi 29 juin

Soudain, José Gonzalez s’interrompt. « Excusez-moi, je pense à mes amis laissés là-bas… » L’émotion étrangle le député Rassemblement national (RN) des Bouches-du-Rhône, à la tribune du Palais-Bourbon, mardi 28 juin. A 79 ans, le doyen ouvre la séance inaugurale de la XVIlégislature en faisant planer sur l’Hémicycle un parfum de nostalgie de l’Algérie française et des rapatriés de 1962. Un temps que les quatre plus jeunes députés désignés secrétaires de séance ne peuvent pas connaître. « J’ai laissé là-bas une partie de ma France. Je suis un homme qui a vu son âme à jamais meurtrie par le sentiment d’abandon », insiste le pied-noir né à Oran, qui se dit « arraché à sa terre natale par le vent de l’histoire ». Une majorité de députés l’applaudissent en signe d’encouragement.

Plus tard, dans la salle des Quatre-Colonnes, l’élu d’Allauch a insisté devant la presse : « Venez avec moi en Algérie, je vais vous trouver beaucoup d’Algériens qui vont vous dire : “Quand est-ce que vous revenez, les Français ?” » Avant d’ajouter : « Je ne suis pas là pour juger si l’OAS [L’Organisation de l’armée secrète] a commis des crimes ou pas. » De quoi scandaliser, de la gauche à La République en marche… et toucher le patriarche de l’extrême droite. Jean-Marie Le Pen lui a téléphoné pour le féliciter et le convier, la semaine prochaine, afin d’épingler la flamme d’or, le plus haut titre honorifique du parti lepéniste, tout près de son écharpe tricolore.

Lire la suite du récit : José Gonzalez, le doyen de l’Assemblée nationale qui a ouvert la législature en invoquant l’Algérie française

Ivanne Trippenbach

French MP Melanie Thomin arrives to attend the National Council of the Parti Socialiste (PS) in Ivry-sur-Seine, on June 23, 2022. After the reception at the Elysee of all the party leaders, Ms Borne said she would exchange by phone with the presidents of the groups: Aurore Berge for LREM, Jean-Paul Mattei for the MoDem, Laurent Marcangeli for Horizons, Marine Le Pen for the RN, Oliver Marleix for LR, Mathilde Panot for LFI, Boris Vallaud for the PS, Julien Bayou and Cyrielle Chatelain for EELV. (Photo by STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

(STEPHANE DE SAKUTIN/AFP)

Il est 21 heures, ce dimanche 19 juin. Au terme du second tour de l’élection législative de la 6circonscription du Finistère, la socialiste Mélanie Thomin déplie deux feuilles dactylographiées. Dans une salle municipale de Châteaulin, les militants de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) l’écoutent lire ce texte préparé au cas où le dépouillement des urnes des 70 communes du territoire lui serait favorable. Après le premier tour, elle accusait un retard d’un millier de voix sur Richard Ferrand, député sortant (Ensemble !-La République en marche) et président de l’Assemblée nationale. A la surprise générale, l’enseignante de 38 ans a convaincu 50,86 % des votants.

Mélanie Thomin a gagné parce qu’elle est devenue une adversaire crédible au fil de cette campagne, à laquelle elle ne s’était pourtant pas préparée. L’accord de la Nupes réservant la 6e circonscription du Finistère au Parti socialiste l’a propulsée en première ligne d’une bataille qui semblait déséquilibrée, elle, la discrète professeure de français, enceinte de six mois, alors engagée dans la préparation du baccalauréat de ses lycéens quimpérois. Grâce à son expérience militante forgée à l’Union nationale des étudiants de France, au Mouvement des jeunes socialistes puis au Parti socialiste, la conseillère municipale du village de Hanvec a fédéré les militants socialistes comme les fidèles de La France insoumise (LFI).

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Benjamin Keltz (Rennes, correspondance)

Explorez le profil des 89 députés du Rassemblement national : métiers, mandats précédents et trajectoires idéologiques

Retrouvez dans notre visuel interactif et notre tableau des informations sur les nouveaux élus du groupe d’extrême droite à l’Assemblée nationale.

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Archive du « Monde » datée de l’édition du 23-24 juillet 2017.

A chaque législature son lot de députés néophytes, confrontés à l’apprentissage des exigences de la fabrique de la loi. Dans un article du Monde daté du 23 juillet 2017, la journaliste Manon Rescan relate ainsi les débuts laborieux de la nouvelle commission des lois, présidée par une primo-élue issue de la vague des « marcheurs », Yaël Braun-Pivet.

Mercredi 19 juillet, quelques semaines après sa prise de fonctions, cette dernière a été l’autrice d’un nouveau couac. « Croyant parler de manière confidentielle », alors qu’elle n’avait pas coupé son micro, Mme Braun-Pivet a ainsi affirmé, au sujet de ses collègues de La République en marche (LRM) : « On a un groupe qui dort, qui ne sait pas monter au créneau, qui est vautré. »

Avocate de formation, qui « n’a pas plaidé depuis bientôt quinze ans », la nouvelle députée des Yvelines voit sa légitimité remise en question quant à son élection au poste prestigieux qu’elle occupe. Les élus d’opposition se disent « dubitatifs sur son vrai poids dans les négociations avec les ministères » et sa connaissance du circuit législatif.

Lire aussi : Age, sexe, parti, expérience politique… Explorez la liste complète des 577 députés élus en 2022

Les critiques portent aussi sur son travail lancé en commission. Pour la loi moralisation, dont elle a souhaité être rapporteure, Mme Braun-Pivet a rendu « un avis ambigu, se disant “émotionnellement” favorable à un amendement exigeant des candidats aux législatives qu’ils aient un casier judiciaire vierge mais émettant des réserves “juridiques” en raison des risques d’inconstitutionnalité ». « Je n’ai jamais assisté à des commissions aussi désordonnées », se désole alors le socialiste Olivier Dussopt – depuis rallié à la macronie.

L’ensemble des députés LRM n’est pas en reste. En commission, le groupe est jugé « apathique » et « brouillon ». « Ils ont semblé vouloir expédier les travaux, balayant mécaniquement l’essentiel des amendements autres que les leurs, sans pour autant perdre du temps à défendre leur position », écrit notre journaliste. Une attitude qui leur a valu une séance de recadrage à huis clos pour que ce temps de l’apprentissage ne dure pas trop longtemps.

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Elisabeth Borne devant les parlementaires. La première ministre, Elisabeth Borne, doit prononcer sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, mercredi 6 juillet, à 15 heures, puis devant le Sénat, le même jour à 21 heures. La tenue d’un vote de confiance devant les parlementaires à cette occasion n’était, à l’heure de l’écriture de cet agenda, pas encore officiellement annoncée, tout comme l’éventualité d’un remaniement puis d’un conseil des ministres dans les prochains jours.

Calendrier législatif. Du côté de l’Assemblée nationale, le premier texte sera examiné à compter du 11 juillet, avec le projet de loi sanitaire permettant le maintien de « mesures de freinage » face au Covid-19. Les premières séances de questions au gouvernement devraient se tenir, en principe, le 12 juillet à la chambre basse et le 13 au Sénat. Le projet de loi portant sur le pouvoir d’achat sera débattu au Palais-Bourbon la semaine suivante, le 18 juillet.

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