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Édition du mercredi 21 juin 2023
Parents, enfants, liens familiaux, questions et solutions : chaque mercredi, retrouvez nos articles et conseils autour de la parentalité.

Juin, ou l’enfer des parents

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La beauté de la vie de parent, c’est qu’il y a toujours des surprises. Des « Ah, mais on ne t’avait pas dit ? » et des « Oh ma pauvre, tu ne savais pas ? », énoncés d’un ton plein de commisération sadique. Les réseaux sociaux font pourtant tout pour dresser un tableau complet des petits et grands soucis de la parentalité. Des fuites urinaires au post-partum, des vermifuges à la crise d’ado, on pourrait croire que l’on était prévenu de tout ce qui nous tomberait sur la tête – au risque d’ailleurs de dégoûter n’importe quel être sensé de procréer, mais c’est un autre sujet.

Puis, un jour ordinaire d’une année ordinaire, il est arrivé. Le mois de juin. Jusqu’à ce que les enfants atteignent un certain âge, il était indolore. Il ressemblait à tous les autres. Et soudain, il nous a familialement engloutis. Mes enfants ont 8, 5 et 3 ans (CE1, moyenne section, petite section). Cela a commencé par un torrent de larmes de ma fille aînée, un samedi soir, tandis que j’allais lui faire un bisou au lit. « Mon maître nous a annoncé qu’il quittait l’école, et que la directrice aussiiiiiii », a-t-elle reniflé. J’ai minimisé ma réaction pour ne pas en rajouter, mais la vérité, c’est que je me suis sentie aussi abandonnée qu’elle. C’est bien connu, quand les choses fonctionnent bien – un super collègue, une directrice d’enfer –, on le remarque moins que quand ça va mal. Et le changement laisse entrevoir la possibilité d’un désastre.

Ensuite est arrivé le spectacle du périscolaire. Déjà, il faut parvenir à distinguer les différentes entités qui constituent « l’école », ce qui n’est pas évident pour le commun des mortels. Le périscolaire, comme son nom l’indique, n’est pas le scolaire. Mes enfants passent un temps considérable avec les animateurs de la Ville de Paris (goûter, étude, centre de loisirs, temps d’activités périscolaires). J’ai vite compris que l’enjeu était majeur. Mon aînée, toujours : « Maman, tu as déjà raté mon spectacle l’année dernière ! Et là je fais un solo de danse, je l’ai préparé toute l’année. » Ledit spectacle tombait évidemment le même jour qu’un « séminaire managers » organisé par mes chefs, auquel je pouvais difficilement me soustraire parce qu’il fallait que j’y présente mon travail sur la parentalité (ironie du sort). Il a donc fallu que je glisse sans heurts d’une estrade face à un parterre de collègues en pleine digestion à un parterre de parents survoltés face à leurs enfants en tenue indienne. Je ne sais pas, de ma fille ou de moi, laquelle était la plus stressée.

Juin, c’est aussi le mois d’inscription aux activités de l’année suivante. J’avais dû bloquer trente minutes, en 2022, pour cliquer sans discontinuer sur « rafraîchir » dans l’espoir d’obtenir une place à un cours de natation pour ma fille, à midi pile, le jour de l’ouverture. Le message sur le site de la piscine était directement passé de « 12 places restantes » à « complet ». Cette année, montée en grade : trois enfants, des listes d’attente, un casse-tête logistique (si la baby-sitter emmène la cadette à la danse le jeudi jusqu’à 18 h 30, qui ira chercher le benjamin à l’école ? Et si la natation tombe en même temps que la danse ?). Solution : le petit dernier ne fera rien, de toute manière on a décidé de le maintenir en format miniature encore quelques années ; les deux autres feront ce qui nous arrange, et le moins possible. « On ne veut pas en faire des singes savants » et « l’oisiveté est essentielle » sont devenus nos mantras du mois, et une excellente justification morale d’un choix essentiellement pratique.

Je passe en accéléré sur le reste de la déferlante : gâteaux à préparer chaque semaine pour financer la coopérative, anniversaires des enfants nés en juin ET en juillet, stratégie (ratée) pour éviter d’aider à la kermesse, sorties scolaires en rafales qui manquent d’accompagnateurs, visionnage de vidéos de capoeira pour être sûre de décourager mes enfants, bouclage de séries d’été au journal, fête des voisins, cadeaux de fin d’année, apéros-beuveries avec les parents d’élèves, pot de bureau, et tout à coup, paf ! C’est les vacances et on n’a rien fini.

Tout cela n’a absolument rien de grave, évidemment, surtout si l’on repense à mes précédentes newsletters (ici ou ). C’est même plutôt badin et joyeux. J’aime bien l’idée que l’on puisse à ce point être pris de court par un agenda dont on ignorait jusqu’à l’existence. Pour mieux m’y prendre l’année prochaine, je suis allée discuter avec une experte du « mur du mois de juin ». Hélène Liaroutzos est à la fois mère d’élève et directrice d’école maternelle en Seine-Saint-Denis. Elle m’a fait en rigolant sa propre énumération : « Clôturer les comptes de la coopérative, faire les bilans des projets financés par la mairie, préparer les structures de classes de l’année prochaine selon plusieurs scénarios, organiser les emplois du temps des AESH, préparer la fête de l’école, gérer deux cents enfants épuisés, transpirants et surexcités, accueillir les nouveaux enseignants, monter les dossiers pour les projets culturels… » (j’en oublie). Et bien sûr, tout ce qui est lié à son propre fils, en maternelle avec mes enfants.

Comment s’organise-t-elle ? Son compagnon et elle ont aimanté un « planning du mois de juin » sur le frigo. Dessus, toutes leurs obligations professionnelles respectives, les dates d’inscription de chacun aux activités, les rendez-vous, les échéances. Et, last but not least, les soirs « libres » de chacun. « Je me prévois deux sorties par semaine rien que pour moi à chaque mois de juin », m’a-t-elle dit. Ça me donnerait presque hâte d’être déjà en juin prochain.

Faites-moi part de vos réflexions, de vos questions, à parents@lemonde.fr. Je réponds toujours. A la semaine prochaine !



BLOC-NOTES


Un vendredi soir presque festif :

1. Le presque apéro. J’ai testé les bâtonnets de carotte dans du yaourt au concombre, et croyez-le ou non, ça marche. A combiner avec Méchanlou, un jeu de cartes Djeco très drôle (chez moi, de 3 à 43 ans sans problème).

2. La presque pizza. Une pâte feuilletée, des rondelles fines de courgette disposées en rosace, des petits bouts de mozzarella glissés dedans et un peu d’huile d’olive. Disparue en trois minutes.

3. Le presque plateau-télé. On a fini de manger avant de s’installer, miettes obligent. On a choisi Coco (Disney/Pixar, 2017). Pas idéal pour rigoler, mais très émouvant. Mon aînée et moi avons fini en larmes. Les deux autres (5 et 3 ans) ont trouvé le temps long et les squelettes bizarres.



ET CHEZ VOUS ?

« Depuis que je suis père, je ressens une douleur profonde au contact de patients malades »

Ludovic, Grenoble, père d’un enfant de 18 mois : « Je suis médecin au CHU de Grenoble depuis trois ans. Mes émotions à l’hôpital ont complètement changé depuis la naissance de mon garçon. Ma collègue qui avait déjà deux enfants m’avait prévenu, mais, clairement, je n’avais pas été préparé. Je ressens aujourd’hui une douleur profonde au contact de patients très malades, soit de maladie grave soit de handicap, que je ne ressentais pas du tout auparavant. J’éprouve ensuite un sentiment de culpabilité lorsque je rentre chez moi et que je regarde mon fils jouer. Ce qui m’apaise, ce sont les chiffres et la raison, qui me rappellent qu’heureusement la maladie des enfants est rare, au moins en France, et qu’il y a peu de chances qu’un jour ma famille soit concernée. Cependant, je pense qu’il faudrait transformer cette douleur et cette culpabilité en énergie, pour participer à l’élaboration de solutions pour faire en sorte que certains drames ne se produisent jamais (maladie évitable, agression, accident). »

Ecrivez-nous : parents@lemonde.fr




SILENCE, ON LIT

Philippe de Kemmeter

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