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Édition du mardi 23 avril 2024
Chaleur humaine
Comment faire face au défi climatique : retrouvez, le mardi à midi, la sélection d’articles de la rédaction du Monde.

Climat : les Jeux olympiques peuvent-ils être « neutres en carbone » ?

L’actu de « Chaleur humaine »

Nouvel épisode. Si vous vous êtes déjà demandé si l’hydrogène est le nouveau pétrole, cet épisode de « Chaleur humaine » avec la chercheuse Ines Bouacida, de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) est fait pour vous. (Si vous n’avez pas le temps de tout écouter, la réponse est : « Non, mais ça peut servir. »)

Anciens épisodes. « Chaleur humaine » revient sur YouTube avec une publication en décalé des épisodes des saisons précédentes. Vous pouvez cliquer ici pour retrouver tous les épisodes publiés sur cette plateforme.

Futur épisode. Vous pouvez retrouver ici la chronique « Chaud devant » de Cécile Cazenave, productrice de cette saison de « Chaleur humaine », sur les familles qui commencent à adopter le vélo. Ce qui nous fait (déjà) réfléchir à un prochain épisode sur le sujet.

La question de la semaine

« Bonjour. Je me souviens que l’un de vos invités du podcast avait dit qu’il pensait que d’un point de vue climatique, c’était une erreur d’accueillir les Jeux olympiques à Paris et j’avais trouvé ça excessif. Mais ça m’a fait réfléchir sur l’impact (…) des Jeux. Est-ce qu’il est possible pour les JO de viser la neutralité carbone ? » (Question posée par Fred à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr)

Ma réponse : Non, il n’est pas possible pour les Jeux olympiques de Paris 2024 d’atteindre la « neutralité carbone », c’est-à-dire d’avoir un équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre générées par les JO et l’absorption du carbone de l’atmosphère par les puits de carbone. D’ailleurs, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) a revendiqué un temps cet objectif avant de l’abandonner, le jugeant peu réaliste. (L’épisode auquel vous faites référence est un épisode sur l’adaptation au changement climatique, que vous pouvez réécouter en cliquant ici)

1/Quel est l’objectif climatique que se fixent les Jeux ?

Après avoir promis dans un premier temps une « contribution positive » au changement climatique, et des Jeux « neutres en carbone », le Cojop a renoncé à ces appellations, jugées floues et peu sérieuses par de nombreux experts. Ce revirement de communication est bien expliqué dans cet article de mon collègue Stéphane Mandard.

Les JO de Paris se sont dotés d’un « budget carbone » : un total de 1,5 million de tonnes de CO2 à ne pas dépasser, soit une baisse de 55 % par rapport à la moyenne de Rio de Janeiro et de Londres. Les Jeux vont donc émettre beaucoup de CO2 – l’équivalent de 150 000 Français en un an –, mais essayent surtout d’être plus raisonnables que d’autres. Pour changer vraiment la donne, il faudrait repenser la manière dont les JO sont organisés, avec une centralisation dans une seule ville de toutes les épreuves, estiment plusieurs experts.

2/Quel sera leur bilan carbone réel ?

On ne sait pas encore. En théorie, les organisateurs estiment que l’impact carbone des JOP est divisé en trois parties : 34 % pour les déplacements des spectateurs, des athlètes et des officiels, 33 % pour la construction et 33 % pour les opérations (dont la restauration, la logistique, etc.). Un rapport publié en avril par Eclaircies et Carbon Market Watch analyse en détail ces trois engagements. Il explique de manière très claire que des efforts certains ont été faits sur la construction – peu de nouveaux bâtiments, c’est peu d’émissions de gaz à effet de serre supplémentaires. Sur la restauration, un véritable effort est prévu pour proposer des options végétariennes avec un approvisionnement local.

Mais là où le bât blesse, c’est sur le transport, en particulier celui des spectateurs venus de loin. « Il y a une grande opacité dans la méthodologie, mais il est très probable que l’impact carbone des transports soit bien plus important », note César Dugast, l’un des auteurs de l’étude (et lui aussi ancien invité de « Chaleur humaine » dans cet épisode). Surtout, les organisateurs n’ont pas communiqué de plan visant à réduire les émissions des transports, à l’exception d’une incitation à venir en train, souligne le rapport.

Il faudra donc attendre la fin des Jeux pour établir avec plus de précision ce bilan carbone. Mais on sait déjà deux choses : ce bilan a de grandes chances d’être meilleur que celui des Olympiades précédentes, mais certainement moins bon que ce que promettent les organisateurs.

Un peu de « Chaleur humaine » en plus

Sur ma table de nuit. Le livre de Margot Jacq Petit manuel de répartie écologique (éditions Les liens qui libèrent) recense tout un tas d’arguments pour répondre aux contre-vérités de celles et ceux qui ne veulent rien faire face à la crise climatique. Très utile à garder sous le coude.

Sur ma table de nuit (2). Je vous ai déjà parlé ici du livre de Cédric Durand et Razmig Keucheyan Comment bifurquer. Les principes de la planification écologique (La Découverte). J’en ai fait un article ici dans Le Monde, et en voici une autre recension intéressante dans La Vie des idées pour continuer à en débattre.

Sur mon écran. Si vous avez 25 minutes devant vous, vous pouvez aller écouter cette conférence de la sociologue Sophie Dubuisson-Quellier devant l’Académie des sciences qui revient sur les débats sur les actions individuelles, la vision « solutionniste » de la crise climatique et le changement des imaginaires. C’est ici

Sur mon écran (2). Si vous avez moins de temps et que vous voulez en savoir plus, vous pouvez lire la retranscription faite par la très bonne newsletter « Nourritures terrestres » de Clément Jeanneau ici. Et (en bonus) vous pouvez réécouter l’épisode de « Chaleur humaine » sur les gestes individuels avec Sophie Dubuisson-Quellier en cliquant ici.



LE PODCAST DE LA SEMAINE

Climat : faut-il compter sur l’hydrogène ?

Un hydrogène produit sans énergies fossiles peut jouer un rôle dans la transition, mais il n’est pas une solution à tous nos problèmes, prévient la chercheuse Ines Bouacida

Le podcast Chaleur humaine

Climat : faut-il compter sur l’hydrogène ?

23 avril 2024

Écouter l'épisode
 

A quoi l’hydrogène sert-il et comment l’utilise-t-on aujourd’hui ? Remplacera-t-il le pétrole dans les voitures et les avions ? Comment l’utiliser au bon endroit pour réussir la transition ?

Ines Bouacida est chercheuse à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et spécialiste du gaz et de l’hydrogène dans la transition.

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L'ARTICLE DE LA SEMAINE

GEORGES BARTOLI / DIVERGENCE POUR « LE MONDE »

Sécheresse dans les Pyrénées-Orientales : « Cette fois, c’est du brutal »

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Le département subit depuis deux ans un manque d’eau structurel. La faible ressource contraint les agriculteurs à adapter leurs pratiques, et pourrait conduire à revoir l’aménagement du territoire.

Daniel Aspe saisit la bouteille en plastique avec un goulot découpé et s’allonge sur le sol de la forêt. Le maire d’Escaro, dans les Pyrénées-Orientales, plonge l’objet usé dans le regard creusé en face de l’arrivée d’eau qui alimente son village, et chronomètre le temps qu’il faut pour recueillir 2 litres : quatorze secondes. Il se livre alors à un calcul qu’il connaît bien, multipliant les secondes par vingt-quatre heures : le débit s’avère encore un peu trop juste pour la consommation journalière des 80 habitants. « Bien que nous ne nous lavions pas pour économiser l’eau », déclare en plaisantant l’élu pour surmonter son inquiétude.

En cette fin de journée d’avril, le soleil éclabousse d’or les flancs des montagnes. Quelques filaments de neige zèbrent les sommets, tandis que, plus bas, la végétation méditerranéenne fait de la résistance. De-ci, de-là se dressent des squelettes de genêts et des chênes verts, si coriaces et pourtant morts de soif. Avec la tramontane de ces derniers jours, le service départemental d’incendie et de secours a averti : le risque d’incendie est maximal.

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A LIRE CETTE SEMAINE

La révolution énergétique du Portugal, champion des renouvelables

Depuis les années 1990, le pays ibérique, dépourvu de centrales nucléaires, mise sur le solaire, l’hydraulique et l’éolien en développant des technologies hybrides et innovantes pour assurer sa souveraineté énergétique.

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Au Rwanda, des agriculteurs « à contre-courant de la politique officielle »

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L'IMAGE DE LA SEMAINE

La Drôme, en février 2023. Le niveau d’eau est exceptionnellement bas en raison de la sécheresse. Antoine Boureau / Hans Lucas

Que serait la vallée de la Drôme sans sa rivière ? Parfois torrentiel, parfois limpide et turquoise, ce cours d’eau agit comme la colonne vertébrale d’un territoire qui en dépend pour son agriculture, son tourisme, sa biodiversité, ou simplement pour le bien-être de ses habitants. Ces dernières années, pourtant, le manque d’eau s’est fait plus criant. Chacun a pu toucher du doigt les limites de cette précieuse ressource, avec, certains étés, des communes au bord de la rupture d’eau potable, des restrictions totales à l’irrigation, ou l’angoissante vision d’une rivière à sec, réduite à un lit de galets. Pour mieux y faire face, un projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) est lancé, ce vendredi 19 avril, sur trois intercommunalités de la vallée.

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