L’actu de « Chaleur humaine » Un nouvel épisode. La question de la semaine est au cœur de « Chaleur humaine » depuis longtemps : comment consommer moins ? On en parle avec le professeur de marketing Benoît Heilbrunn – rien à voir, mais cet enregistrement a été interrompu par une alerte incendie (finalement, c’était juste un exercice). C’est à retrouver ici ou ci-dessous. En replay. J’étais invité à débattre dans l’émission « C ce soir » sur France 5 il y a quelques jours pour débattre des risques de l’austérité budgétaire pour la planification écologique. J’ai essayé de défendre (à la fin) l’idée que la transition devrait être racontée de manière heureuse et pas seulement comme une contrainte budgétaire. Vous pouvez écouter ou regarder ici. Vos questions, nos réponses. Pour retrouver les réponses aux questions précédentes, vous pouvez vous rendre sur cette page sur le site du Monde : Climat : Vos questions J’y ai ajouté récemment les dernières infolettres sur le prix des voitures thermiques, les femmes et le climat et le coût climatique d’une nouvelle autoroute, entre autres ! La question de la semaine « Bonjour, chère équipe de “Chaleur humaine”, auriez-vous la possibilité d’expliquer un peu mieux qu’elle est la feuille de route des Etats-Unis sur le climat ? » Question posée par Florence à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr. « Bonjour, je voudrais savoir si les efforts de Biden sur le climat servent à quelque chose, puisque si Trump est réélu il va probablement tout annuler et revenir en arrière, non ? » Question posée par Hervé à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr. Ma réponse : Le plan américain voté par le Congrès en 2022 est très ambitieux et a de grandes chances de faire baisser les (massives) émissions du pays – même s’il n’apparaît pas suffisant pour atteindre les objectifs climatiques du pays. Une victoire de Trump serait un retour en arrière sur beaucoup de points, mais pas tous (paradoxalement). 1) En quoi le plan Biden pour le climat consiste-t-il ? L’Inflation Reduction Act, votée en 2022, est un des textes sur le climat le plus ambitieux jamais voté. Il faut dire que les Etats-Unis sont le deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre – et qu’un Américain émet en moyenne entre 15 tonnes et 18 tonnes de CO2 par personne (contre 10 pour un Français, et 2 pour un Indien). Ce plan est conçu, selon la Maison Blanche, comme une « politique climatique procroissance ». (Les détails sont ici) A l’origine, il prévoyait de consacrer au climat plus de 300 milliards de dollars (280 milliards d’euros), mais les dernières estimations tournent plutôt autour de 1 000 milliards de dollars (930 milliards d’euros). C’est colossal. (Vous pouvez écouter cet épisode très fouillé d’Ezra Klein sur le New York Times sur le sujet) La logique majeure du plan repose sur des subventions, aux particuliers et aux entreprises, pour soutenir le développement des énergies renouvelables, une relance du nucléaire, un soutien aux usines de batteries électriques, à l’hydrogène vert et aux véhicules électriques. Une particularité importante : la loi ne prévoit pas de plafond pour les subventions, ce qui fait que la facture a énormément gonflé. Le plan prévoit également autour de 50 milliards de dollars pour l’adaptation aux conséquences du changement climatique et des enveloppes spécifiques pour les infrastructures concernées – notamment les réseaux électriques. (Vous pouvez trouver plus de détails – en anglais – sur le site du centre de recherches WRI.) « Au fond ce plan cherche à faire trois choses en même temps », m’a expliqué Laurence Nardon, directrice du programme Amériques de l’IFRI : « D’abord, lutter contre ce rival technologique qu’est la Chine, faire revenir de l’emploi aux Etats-Unis et, enfin, baisser les émissions. » 2) Met-il les Etats-Unis sur la bonne trajectoire ? Il est un peu tôt pour connaître son impact réel, mais une vaste étude parue dans Science en juin 2023 a tenté de modéliser le résultat : le plan Biden ferait baisser massivement les émissions des Etats-Unis, de 45 % en 2035 par rapport à leur niveau de 2005. Ce qui est très significatif… mais pas encore suffisant pour être sur la trajectoire de l’accord de Paris sur le climat. « Là où Biden a de grandes chances de réussir, c’est qu’il propose aux Américains de remplacer leurs voitures thermiques par des électriques, pas de renoncer à leur voiture », explique également Laurence Nardon. Autrement dit : le plan prévoit des investissements massifs et des subventions mais n’aborde pas du tout la question de la sobriété. « Cette notion n’est pas présente dans le débat public aux Etats-Unis, et donc on est sur des mesures essentiellement incitatives », insiste la chercheuse, qui prévient que la polarisation du débat entre républicains et démocrates sur le sujet est très vive. C’est déjà ce que disait le sociologue Laurent Cordonier dans un épisode précédent de « Chaleur humaine » (comment parler du climat sans s’affronter). Autre point important : malgré le vote de ce plan, les Etats-Unis sont toujours le premier producteur mondial de pétrole et le premier exportateur de gaz naturel liquéfié, et n’ont pas du tout l’intention d’y renoncer. Ce qui n’est pas très compatible avec une baisse massive des émissions… 3) Si Trump est réélu, va-t-il tout démonter ? « Si Donald Trump revient au pouvoir en 2024, il est certain qu’il va sortir de nouveau de l’accord de Paris et qu’il va défaire toutes les réglementations environnementales », dit Laurence Nardon. C’est d’ailleurs ce qu’il avait fait lors de son premier mandat, en attaquant de front l’Agence de protection de l’environnement (EPA). Mais Mme Nardon explique aussi quelque chose de plus surprenant : les républicains garderaient très probablement le système d’incitations fiscales mises en place par l’Inflation Reduction Act, tant elles bénéficient aux entreprises. « Même si beaucoup de républicains ont dérivé vers le climatoscepticisme et des discours antiscience, cette loi crée déjà des emplois et des usines, et ça, l’administration Trump ne reviendra pas en arrière là-dessus. ». Un peu de « Chaleur humaine » en plus Sur ma table de nuit (1). Très intéressant petit bouquin de l’économiste Eloi Laurent, Coopérer et se faire confiance, qui paraît dans quelques jours aux éditions Rue de l’Echiquier, dans lequel il insiste sur la notion de transition heureuse et juste. On en parlera justement la semaine prochaine dans « Chaleur humaine ». Sur ma table de nuit (2). La bande dessinée Horizons climatiques (Glénat), une série de rencontres en BD avec des scientifiques, écrite par Iris-Amata Dion et dessinée par Xavier Henrion. L’album fourmille d’infos essentielles pour comprendre le réchauffement – même si c’est parfois un peu austère. Dans mes oreilles. Ma fille m’a fait découvrir cet épisode génial du podcast de France Inter Bestioles sur le hérisson, intrépide glouton du jardin. De quoi se dire, si vous avez un bout de jardin, que c’est un bon moment pour rendre la vie plus facile aux hérissons. Sur mon écran. Cet article important de ma collègue Audrey Garric sur la question qui taraude les climatologues : est-ce que le réchauffement s’emballe ? La réponse n’est pas si facile, mais les signaux ne sont pas bons. |