Pour être sûr(e) de recevoir la newsletter, ajoutez newsletters@redaction.lemonde.fr à votre carnet d’adresses. Voir dans le navigateur
Édition du mardi 26 mars 2024
Chaleur humaine
Comment faire face au défi climatique : retrouvez, le mardi à midi, la sélection d’articles de la rédaction du Monde.

Est-ce que l’action climatique en France, ça ne sert à rien ?

L’actu de « Chaleur humaine »

Un nouvel épisode. Vous avez été nombreuses et nombreux à écrire pour demander qu’on parle plus de l’effondrement de la biodiversité dans le podcast. Ce nouvel épisode de « Chaleur humaine », avec la chercheuse Sandra Lavorel, aborde cette question d’une manière qui m’a particulièrement intéressé : comment pourrions-nous vivre sans la biodiversité et les services qu’elle nous rend ? C’est à retrouver ici ou ci-dessous.

Nos enfants et la nature. Ma collègue – et productrice de « Chaleur humaine » – Cécile Cazenave continue ses chroniques « Chaud devant » sur les enfants et le climat, avec une réflexion passionnante sur comment aider les enfants à construire un lien avec le vivant. C’est à lire ici. Et vous pouvez continuer à lui écrire à l’adresse parentsetclimat@lemonde.fr.

L’infolettre dans votre boîte. Si quelqu’un vous a fait suivre cette lettre, vous pouvez vous inscrire en cliquant ici. Cette lettre arrive tous les mardis à 12 h 30 avec une question et une réponse, et parfois quelques petites choses en plus. Vous pouvez poser vos questions à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr.

La question de la semaine

« Bonjour “Chaleur humaine”. En tant que responsable associatif, on me pose souvent cette question : A quoi cela sert-il que nous fassions des efforts pour améliorer le bilan carbone de notre ménage, notre ville, notre pays, si d’autres pays – et parmi les plus grands – continuent à utiliser massivement pétrole et charbon ? Dit autrement : nos efforts sont-ils anéantis à la frontière ? » Question posée par Christian, par e-mail, à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr

Ma réponse : Merci, cher Christian, de cette question. On pourrait prendre le sujet dans l’autre sens : c’est justement parce que le carbone ne connaît pas de frontières que nos efforts ne sont pas réduits à néant. Puisque chaque émission de gaz à effet de serre évitée, à Carcassonne, à Kinshasa, ou à New York, permet d’atténuer le changement climatique.

1/ Il n’y a pas photo : tous les efforts comptent

Plus on émet de gaz à effet de serre, plus ils s’accumulent dans l’atmosphère, et donc plus la situation s’aggrave. Or, les conséquences de chaque dixième de degré d’augmentation des températures sont dramatiques, comme l’expliquent bien les climatologues. Donc toute émission de gaz à effet de serre évitée est bonne à prendre – d’autant que nous ne sommes pas exactement sur la bonne trajectoire, ni en France ni dans le monde.

2/ Nos efforts comptent plus que ceux des autres

De manière évidente, pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et limiter au maximum les effets du changement climatique, il faut diminuer massivement notre consommation de pétrole, de gaz et de charbon. Les scénarios de transition climatique au niveau mondial impliquent que tous les pays du monde fassent des efforts importants pour y arriver. (Vous pouvez écouter ici cet épisode du podcast « Chaleur humaine » sur les conclusions du GIEC sur le sujet.)

Mais les pays occidentaux, dont la France, sont ceux qui doivent faire les plus gros efforts. Pourquoi ? Pour deux raisons. D’abord : nous avons commencé à émettre des gaz à effet de serre il y a plus longtemps que les autres, depuis la révolution industrielle. Donc le réchauffement actuel est en grande partie le résultat des émissions accumulées dans l’atmosphère depuis les cent cinquante dernières années. Nous avons donc une responsabilité historique (Vous pouvez voir un super graphique des Décodeurs ici sur le sujet.). C’est une dette morale.

Mais ensuite : nous émettons plus que beaucoup d’autres par habitant. En moyenne, un Français émet 10 tonnes de gaz à effet de serre par an – c’est certes moins qu’un Américain, qui émet autour de 18 tonnes – mais beaucoup plus qu’un Indien, qui est à 2 tonnes. En réalité, la plupart des habitants de la planète émettent (beaucoup) moins que nous. Ceux qui font pire ? Les habitants des pays du Golfe, les Nord-Américains, les Japonais, les Coréens et quelques Européens. Comme nous sommes de gros émetteurs, avec nos voitures, nos avions, nos chauffages et notre alimentation, nous pouvons avoir le plus d’impact sur la réduction des émissions.

3/ Les conséquences du changement climatique sont aussi pour nous

Et puis ce raisonnement oublie autre chose : nous subissons déjà les conséquences du changement climatique – comme l’a bien montré l’été 2022. Avec mes collègues du Monde, nous avions d’ailleurs consacré de longues enquêtes à la question de l’adaptation de la France l’année dernière, qui montrait bien qu’aucun secteur n’était épargné. (Ici, la série sur la forêt, par exemple). Mais tous les experts que nous avons rencontrés disaient la même chose : la première chose à faire pour s’adapter, c’est de baisser les émissions, c’est notre meilleure garantie de conserver une planète vivable. Là encore : que ce soit en France ou ailleurs, tout ce qu’on ne brûle pas comme pétrole ou comme gaz, c’est bon à prendre !

Un peu de « Chaleur humaine » en plus

Sur ma table de nuit (1). J’ai lu avec grand intérêt le livre Comment bifurquer, de Cédric Durand et Razmig Keuchayan, sous-titré Les principes de la planification écologique (Zones). J’y reviendrai dans un article bientôt, mais, en attendant, vous pouvez écouter les auteurs chez nos confrères de La Terre au carré dans une très bonne interview dans laquelle ils appellent à sortir d’un capitalisme à bout de souffle.

Sur ma table de nuit (2). Le raisonnement exactement inverse est tenu dans un livre très riche du journaliste de Bloomberg Akshat Rathi, Climate Capitalism (Editions John Murray, non traduit), qui défend au contraire l’idée que seul le marché peut résoudre la crise climatique. (Le New York Times a fait récemment un entretien avec l’auteur, en anglais.).

Sur mon écran. La dernière saison de la série norvégienne Occupied, qui imagine – de manière hélas assez visionnaire, ça date de 2015 – que la Russie envahisse la Norvège quand elle décide de se détourner du pétrole et du gaz. Instructif et flippant, et dispo sur le site d’Arte.



LE PODCAST DE LA SEMAINE

Climat : la biodiversité peut-elle nous sauver ?

Comprendre les services que nous rend la nature va nous encourager à mieux la protéger, explique la chercheuse Sandra Lavorel, médaille d’or du CNRS 2023, dans cet épisode du podcast « Chaleur humaine ».

Le podcast Chaleur humaine

Climat : la biodiversité peut-elle nous sauver ?

26 mars 2024

Écouter l'épisode
 

Pourquoi l’effondrement de la biodiversité est-il un sujet si important ? Comment notre rapport à la nature peut-il nous aider à lutter contre le changement climatique ? Comment préserver le vivant tout en rendant nos vies meilleures ?

Sandra Lavorel est directrice de recherche au laboratoire d’écologie alpine du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), à Grenoble. Elle a reçu en 2023 la médaille d’or du CNRS pour ses travaux d’écologue. Elle travaille depuis plus de vingt ans avec des spécialistes de toutes disciplines sur la question des services écosystémiques.

Retrouver tous les épisodes Retrouver tous les épisodes



L'ARTICLE DE LA SEMAINE

ALAIN JOCARD / AFP

La planification écologique percutée par les crises

,

Article réservé aux abonnés

Alors que la planification est censée être un rouage crucial de la machine étatique, le début d’année 2024 a prouvé que cet engagement n’était pas décisif au moment des arbitrages.

Opération rattrapage du temps perdu, jeudi 14 mars, à Matignon. Après avoir reporté plusieurs fois le rendez-vous, Gabriel Attal reçoit les responsables de neuf associations écologistes. Toutes et tous arrivent lestés de leurs appréhensions sur ce nouveau premier ministre. En seulement quelques semaines, ce dernier a tenté de calmer les agriculteurs en reculant sur les normes environnementales et il a déjà sabré le « budget vert » de 2,2 milliards d’euros, secteur le plus touché par le récent plan d’économies de 10 milliards d’euros.

Lire la suite Lire l'article


A LIRE CETTE SEMAINE

Quand la cantine municipale cultive ses propres légumes bio : « Rien à voir avec les surgelés ou les conserves d’avant »

Villages, villes, métropoles se transforment en maraîchers pour cultiver dans leurs fermes municipales de quoi alimenter cantines scolaires, Ehpad et épiceries solidaires.

,

Lire la suite Lire la suite
L’Afrique à l’épreuve d’intenses vagues de chaleur

Au Maroc, en Afrique du Sud ou au Soudan du Sud, les thermomètres s’affolent, dépassant les 40 °C. Des records qui se sont multipliés au cours des dernières semaines.

,

Lire la suite Lire la suite
Le Guyana, naissance d’un nouveau géant pétrolier

Depuis la découverte d’un important gisement au large de ses côtes, le petit pays d’Amérique du Sud doit gérer le décollage vertigineux de son économie. Au risque de devenir trop dépendant de la manne de l’or noir, et que celle-ci creuse les inégalités.

,

Lire la suite Lire la suite
Transition écologique : « La France ne peut pas se considérer à l’avant-garde en Europe »

Les facteurs qui provoquent une remise en cause des politiques environnementales en France sont aussi à l’œuvre dans le reste de l’Europe. Neil Makaroff, directeur d’un centre de réflexion qui promeut l’action climatique, revient, dans un entretien au « Monde », sur la situation chez nos voisins.

,

Lire la suite Lire la suite