L’actu de « Chaleur humaine » Un nouvel épisode. Vous avez été nombreuses et nombreux à écrire pour demander qu’on parle plus de l’effondrement de la biodiversité dans le podcast. Ce nouvel épisode de « Chaleur humaine », avec la chercheuse Sandra Lavorel, aborde cette question d’une manière qui m’a particulièrement intéressé : comment pourrions-nous vivre sans la biodiversité et les services qu’elle nous rend ? C’est à retrouver ici ou ci-dessous. Nos enfants et la nature. Ma collègue – et productrice de « Chaleur humaine » – Cécile Cazenave continue ses chroniques « Chaud devant » sur les enfants et le climat, avec une réflexion passionnante sur comment aider les enfants à construire un lien avec le vivant. C’est à lire ici. Et vous pouvez continuer à lui écrire à l’adresse parentsetclimat@lemonde.fr. L’infolettre dans votre boîte. Si quelqu’un vous a fait suivre cette lettre, vous pouvez vous inscrire en cliquant ici. Cette lettre arrive tous les mardis à 12 h 30 avec une question et une réponse, et parfois quelques petites choses en plus. Vous pouvez poser vos questions à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr. La question de la semaine « Bonjour “Chaleur humaine”. En tant que responsable associatif, on me pose souvent cette question : A quoi cela sert-il que nous fassions des efforts pour améliorer le bilan carbone de notre ménage, notre ville, notre pays, si d’autres pays – et parmi les plus grands – continuent à utiliser massivement pétrole et charbon ? Dit autrement : nos efforts sont-ils anéantis à la frontière ? » Question posée par Christian, par e-mail, à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr Ma réponse : Merci, cher Christian, de cette question. On pourrait prendre le sujet dans l’autre sens : c’est justement parce que le carbone ne connaît pas de frontières que nos efforts ne sont pas réduits à néant. Puisque chaque émission de gaz à effet de serre évitée, à Carcassonne, à Kinshasa, ou à New York, permet d’atténuer le changement climatique. 1/ Il n’y a pas photo : tous les efforts comptent Plus on émet de gaz à effet de serre, plus ils s’accumulent dans l’atmosphère, et donc plus la situation s’aggrave. Or, les conséquences de chaque dixième de degré d’augmentation des températures sont dramatiques, comme l’expliquent bien les climatologues. Donc toute émission de gaz à effet de serre évitée est bonne à prendre – d’autant que nous ne sommes pas exactement sur la bonne trajectoire, ni en France ni dans le monde. 2/ Nos efforts comptent plus que ceux des autres De manière évidente, pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et limiter au maximum les effets du changement climatique, il faut diminuer massivement notre consommation de pétrole, de gaz et de charbon. Les scénarios de transition climatique au niveau mondial impliquent que tous les pays du monde fassent des efforts importants pour y arriver. (Vous pouvez écouter ici cet épisode du podcast « Chaleur humaine » sur les conclusions du GIEC sur le sujet.) Mais les pays occidentaux, dont la France, sont ceux qui doivent faire les plus gros efforts. Pourquoi ? Pour deux raisons. D’abord : nous avons commencé à émettre des gaz à effet de serre il y a plus longtemps que les autres, depuis la révolution industrielle. Donc le réchauffement actuel est en grande partie le résultat des émissions accumulées dans l’atmosphère depuis les cent cinquante dernières années. Nous avons donc une responsabilité historique (Vous pouvez voir un super graphique des Décodeurs ici sur le sujet.). C’est une dette morale. Mais ensuite : nous émettons plus que beaucoup d’autres par habitant. En moyenne, un Français émet 10 tonnes de gaz à effet de serre par an – c’est certes moins qu’un Américain, qui émet autour de 18 tonnes – mais beaucoup plus qu’un Indien, qui est à 2 tonnes. En réalité, la plupart des habitants de la planète émettent (beaucoup) moins que nous. Ceux qui font pire ? Les habitants des pays du Golfe, les Nord-Américains, les Japonais, les Coréens et quelques Européens. Comme nous sommes de gros émetteurs, avec nos voitures, nos avions, nos chauffages et notre alimentation, nous pouvons avoir le plus d’impact sur la réduction des émissions. 3/ Les conséquences du changement climatique sont aussi pour nous Et puis ce raisonnement oublie autre chose : nous subissons déjà les conséquences du changement climatique – comme l’a bien montré l’été 2022. Avec mes collègues du Monde, nous avions d’ailleurs consacré de longues enquêtes à la question de l’adaptation de la France l’année dernière, qui montrait bien qu’aucun secteur n’était épargné. (Ici, la série sur la forêt, par exemple). Mais tous les experts que nous avons rencontrés disaient la même chose : la première chose à faire pour s’adapter, c’est de baisser les émissions, c’est notre meilleure garantie de conserver une planète vivable. Là encore : que ce soit en France ou ailleurs, tout ce qu’on ne brûle pas comme pétrole ou comme gaz, c’est bon à prendre ! Un peu de « Chaleur humaine » en plus Sur ma table de nuit (1). J’ai lu avec grand intérêt le livre Comment bifurquer, de Cédric Durand et Razmig Keuchayan, sous-titré Les principes de la planification écologique (Zones). J’y reviendrai dans un article bientôt, mais, en attendant, vous pouvez écouter les auteurs chez nos confrères de La Terre au carré dans une très bonne interview dans laquelle ils appellent à sortir d’un capitalisme à bout de souffle. Sur ma table de nuit (2). Le raisonnement exactement inverse est tenu dans un livre très riche du journaliste de Bloomberg Akshat Rathi, Climate Capitalism (Editions John Murray, non traduit), qui défend au contraire l’idée que seul le marché peut résoudre la crise climatique. (Le New York Times a fait récemment un entretien avec l’auteur, en anglais.). Sur mon écran. La dernière saison de la série norvégienne Occupied, qui imagine – de manière hélas assez visionnaire, ça date de 2015 – que la Russie envahisse la Norvège quand elle décide de se détourner du pétrole et du gaz. Instructif et flippant, et dispo sur le site d’Arte. |