L’actu de « Chaleur humaine » La saison 5 débute. Le podcast « Chaleur humaine » commence une cinquième saison de dix épisodes – avec quelques petites surprises en plus. Le premier est consacré à la question de la pêche et du poisson, avec le chercheur Didier Gascuel – après les nombreuses questions que vous avez envoyées sur le sujet. Vous pouvez cliquer ici ou y accéder par votre application de podcasts préférée. L’infolettre dans votre boîte. Si quelqu’un vous a fait suivre cette lettre, vous pouvez vous inscrire en cliquant ici. Cette lettre arrive tous les mardis à 12 h 30 avec une réponse, et parfois quelques petites choses en plus. Vos questions, nos réponses. Pour retrouver les réponses aux questions précédentes, vous pouvez vous rendre sur cette page du site du Monde : Climat : vos questions La question de la semaine « Je ne comprends pas pourquoi une voiture électrique est beaucoup plus chère qu’une voiture thermique. L’argument est le prix exorbitant de la batterie, et ça, je l’entends (…), mais si l’on compare ces deux véhicules, la voiture électrique est beaucoup plus simple technologiquement ; (…) ne paye-t-on pas très cher la restructuration des chaînes de production, la transition industrielle, et la réticence du lobby du pétrole à voir ce pactole disparaître trop vite ? » (Question posée par Patrick à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr) Ma réponse : Vous avez raison, les véhicules électriques sont plus chers à produire à cause du coût de la batterie, malgré les économies réalisées sur le reste. Mais ils seraient aussi moins chers s’ils étaient plus petits et présentaient moins de fonctionnalités. 1- Pourquoi la batterie alourdit le prix Pour y voir plus clair, j’ai posé la question à Alexandre Marian, fin connaisseur du secteur automobile chez AlixPartners. Pour donner un ordre de grandeur, le coût de production du moteur et de la transmission se situe entre 1 500 et 3 000 euros pour un véhicule thermique. C’est un peu moins cher pour un véhicule électrique, autour de 2 000 euros en moyenne. On estime notamment qu’il y a besoin de moins de main-d’œuvre pour assembler un véhicule électrique sur l’ensemble de la chaîne. (C’était d’ailleurs l’un des objets du conflit entre les constructeurs automobiles et les syndicats aux Etats-Unis en 2023, mais c’est un autre sujet.) « Ce qui fait la différence, c’est vraiment le coût de la batterie », explique Alexandre Marian, qui estime qu’il est aujourd’hui de 6 000 à 10 000 euros par véhicule. Et des variations sont possibles compte tenu du coût des matières premières, comme le lithium, qui peuvent changer fortement au cours des prochaines années en fonction de la demande. Autrement dit : à gamme égale, un véhicule électrique risque de coûter cher pendant encore longtemps – même si la concurrence ou les évolutions technologiques des batteries peuvent faire baisser un peu les coûts. 2 - Mais il n’y a pas que ça ! La batterie pèse lourd dans le coût de production, mais les choix des constructeurs aussi : ils ont décidé, en général, de se lancer dans le marché de la voiture électrique avec des modèles de moyenne gamme ou de haut de gamme, qui incluent beaucoup d’électronique embarquée. On pourrait avoir des tarifs comparables avec des voitures moins riches en options et en boutons, explique Alexandre Marian : « Les constructeurs enrichissent les véhicules génération après génération, peut-être que pour réussir la transition électrique, il va falloir revoir ce logiciel. » L’autre piste est évidemment aussi d’avoir des batteries plus petites, avec une autonomie plus faible, ce qui coûterait moins cher à produire. On retrouve là les analyses du chercheur Emmanuel Hache, dans un épisode précédent de « Chaleur humaine », qui soulignait que le véhicule électrique aurait un bien meilleur impact s’il était plus léger que les gros SUV qui dominent aujourd’hui le marché de l’automobile (vous pouvez réécouter cet épisode de podcast ici). Cela rejoint aussi les préconisations de l’Ademe dans sa note récente sur le sujet. Il faut quand même noter quelque chose : le coût de production est plus élevé, et le prix à l’achat aussi. En revanche, le prix d’utilisation est très inférieur, surtout si on peut recharger à la maison ou au bureau. Dans ce cas, le plein revient autour de 10 euros, ce qui est une grosse différence, et l’assurance est souvent moins chère. Un peu de « Chaleur humaine » en plus Sur mon écran (1). Comment les députés européens ont-ils voté au cours des dernières années sur les questions agricoles ? Ma collègue Manon Romain a fait le compte dans cet article très utile, c’est plein d’enseignements (et de jolis graphiques). Sur mon écran (2). Une histoire de mauvaise adaptation assez dingue racontée par la BBC : des Américains fortunés ont financé pour un demi-million de dollars des dunes pour protéger leur petit paradis des événements climatiques dans le Massachussets. Elles ont été balayées en quelques jours. Sur ma table de nuit. Le livre de mon confrère de Mediapart, Mickaël Correia Le Mensonge Total. Enquête sur un criminel climatique (Seuil), qui reprend une grande partie de ses enquêtes relatives au pétrogazier français, une mine d’informations pour qui s’intéresse à TotalEnergies. |