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Édition du mardi 19 mars 2024
Chaleur humaine
Comment faire face au défi climatique : retrouvez, le mardi à midi, la sélection d’articles de la rédaction du Monde.

Pourquoi les voitures électriques sont plus chères que les voitures thermiques

L’actu de « Chaleur humaine »

La saison 5 débute. Le podcast « Chaleur humaine » commence une cinquième saison de dix épisodes – avec quelques petites surprises en plus. Le premier est consacré à la question de la pêche et du poisson, avec le chercheur Didier Gascuel – après les nombreuses questions que vous avez envoyées sur le sujet. Vous pouvez cliquer ici ou y accéder par votre application de podcasts préférée.

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Vos questions, nos réponses. Pour retrouver les réponses aux questions précédentes, vous pouvez vous rendre sur cette page du site du Monde : Climat : vos questions

La question de la semaine

« Je ne comprends pas pourquoi une voiture électrique est beaucoup plus chère qu’une voiture thermique. L’argument est le prix exorbitant de la batterie, et ça, je l’entends (…), mais si l’on compare ces deux véhicules, la voiture électrique est beaucoup plus simple technologiquement ; (…) ne paye-t-on pas très cher la restructuration des chaînes de production, la transition industrielle, et la réticence du lobby du pétrole à voir ce pactole disparaître trop vite ? » (Question posée par Patrick à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr)

Ma réponse : Vous avez raison, les véhicules électriques sont plus chers à produire à cause du coût de la batterie, malgré les économies réalisées sur le reste. Mais ils seraient aussi moins chers s’ils étaient plus petits et présentaient moins de fonctionnalités.

1- Pourquoi la batterie alourdit le prix

Pour y voir plus clair, j’ai posé la question à Alexandre Marian, fin connaisseur du secteur automobile chez AlixPartners. Pour donner un ordre de grandeur, le coût de production du moteur et de la transmission se situe entre 1 500 et 3 000 euros pour un véhicule thermique. C’est un peu moins cher pour un véhicule électrique, autour de 2 000 euros en moyenne. On estime notamment qu’il y a besoin de moins de main-d’œuvre pour assembler un véhicule électrique sur l’ensemble de la chaîne. (C’était d’ailleurs l’un des objets du conflit entre les constructeurs automobiles et les syndicats aux Etats-Unis en 2023, mais c’est un autre sujet.)

« Ce qui fait la différence, c’est vraiment le coût de la batterie », explique Alexandre Marian, qui estime qu’il est aujourd’hui de 6 000 à 10 000 euros par véhicule. Et des variations sont possibles compte tenu du coût des matières premières, comme le lithium, qui peuvent changer fortement au cours des prochaines années en fonction de la demande. Autrement dit : à gamme égale, un véhicule électrique risque de coûter cher pendant encore longtemps – même si la concurrence ou les évolutions technologiques des batteries peuvent faire baisser un peu les coûts.

2 - Mais il n’y a pas que ça !

La batterie pèse lourd dans le coût de production, mais les choix des constructeurs aussi : ils ont décidé, en général, de se lancer dans le marché de la voiture électrique avec des modèles de moyenne gamme ou de haut de gamme, qui incluent beaucoup d’électronique embarquée. On pourrait avoir des tarifs comparables avec des voitures moins riches en options et en boutons, explique Alexandre Marian : « Les constructeurs enrichissent les véhicules génération après génération, peut-être que pour réussir la transition électrique, il va falloir revoir ce logiciel. » L’autre piste est évidemment aussi d’avoir des batteries plus petites, avec une autonomie plus faible, ce qui coûterait moins cher à produire.

On retrouve là les analyses du chercheur Emmanuel Hache, dans un épisode précédent de « Chaleur humaine », qui soulignait que le véhicule électrique aurait un bien meilleur impact s’il était plus léger que les gros SUV qui dominent aujourd’hui le marché de l’automobile (vous pouvez réécouter cet épisode de podcast ici). Cela rejoint aussi les préconisations de l’Ademe dans sa note récente sur le sujet.

Il faut quand même noter quelque chose : le coût de production est plus élevé, et le prix à l’achat aussi. En revanche, le prix d’utilisation est très inférieur, surtout si on peut recharger à la maison ou au bureau. Dans ce cas, le plein revient autour de 10 euros, ce qui est une grosse différence, et l’assurance est souvent moins chère.

Un peu de « Chaleur humaine » en plus

Sur mon écran (1). Comment les députés européens ont-ils voté au cours des dernières années sur les questions agricoles ? Ma collègue Manon Romain a fait le compte dans cet article très utile, c’est plein d’enseignements (et de jolis graphiques).

Sur mon écran (2). Une histoire de mauvaise adaptation assez dingue racontée par la BBC : des Américains fortunés ont financé pour un demi-million de dollars des dunes pour protéger leur petit paradis des événements climatiques dans le Massachussets. Elles ont été balayées en quelques jours.

Sur ma table de nuit. Le livre de mon confrère de Mediapart, Mickaël Correia Le Mensonge Total. Enquête sur un criminel climatique (Seuil), qui reprend une grande partie de ses enquêtes relatives au pétrogazier français, une mine d’informations pour qui s’intéresse à TotalEnergies.



LE PODCAST DE LA SEMAINE

Climat, biodiversité : faut-il arrêter de manger du poisson ?

Surpêche, réchauffement climatique, pollution : la pêche doit changer radicalement ses pratiques, prévient le chercheur Didier Gascuel dans un épisode de notre podcast « Chaleur humaine »

Le podcast Chaleur humaine

Climat, biodiversité : faut-il arrêter de manger du poisson ?

19 mars 2024

Écouter l'épisode
 

Est-ce qu’il est possible de continuer à pêcher tout en gardant une planète habitable et agréable ? Quels sont les impacts du changement climatique sur l’écosystème de la pêche ? Que faudrait-il changer radicalement pour réussir une transition du monde de la pêche ?

Didier Gascuel est professeur en écologie marine à Agrocampus Ouest, à Rennes. Il a écrit plusieurs livres sur l’avenir de la pêche, dont La Pêchécologie. Manifeste pour une pêche vraiment durable (Editions Quae, janvier 2023). Il a également participé à un rapport coordonné par l’association Bloom et le Shift Project intitulé « Changer de cap. Pour une transition sociale-écologique des pêches ».

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L'ARTICLE DE LA SEMAINE

Le Monde

Une sécheresse critique s’installe durablement dans le bassin méditerranéen

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L’Espagne, le sud de la France, la majorité de l’Italie, Malte, Chypre, une partie de la Roumanie, de la Grèce ou de la Turquie : le manque d’eau oblige déjà à des rationnements et affecte l’agriculture et le tourisme.

Les paroissiens de Perpignan ont décidé de s’en remettre une nouvelle fois à sant Galdric, saint patron des Catalans, afin de faire enfin tomber la pluie sur les Pyrénées-Orientales. Le dimanche 10 mars, pour la deuxième année consécutive, ils ont organisé une procession dans les rues de la ville. Dans l’extrême sud de la France, comme dans tout l’ouest du bassin méditerranéen, la sécheresse s’est installée.

Les relevés météorologiques ne risquent pas de tempérer l’inquiétude générale. « Vingt-deux mois déficitaires en précipitations depuis début 2022 : les Pyrénées-Orientales connaissent une sécheresse historique en durée et en intensité, la plus sévère depuis nos premiers enregistrements qui datent de 1959, résume Simon Mittelberger, climatologue à Météo-France. L’hiver 2023-2024 a été encore plus sec que le précédent et enregistre 55 % de déficit. »

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A LIRE CETTE SEMAINE

La très coûteuse adaptation des routes françaises à la transition climatique

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L'IMAGE DE LA SEMAINE

Un champ de maïs asséché en Zambie. PAM

Le rationnement de l’électricité a commencé en Zambie. Pour faire face aux conséquences de la sécheresse sur les principaux barrages du pays, la compagnie nationale Zesco procède depuis lundi 11 mars à des délestages de huit heures par jour. Elle n’a pas caché que cela aurait un « impact significatif sur les approvisionnements ».

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