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Édition du mardi 17 octobre 2023
Chaleur humaine
Comment faire face au défi climatique : retrouvez, le mardi à midi, la sélection d’articles de la rédaction du Monde.

Le réchauffement climatique aggrave-t-il les allergies ?

Avant de répondre à la question de la semaine, un peu de promo supplémentaire pour le livre « Chaleur humaine », paru et disponible dans toutes les librairies. J’espère que vous y trouverez l’esprit du podcast et des pistes de réflexion pour débattre du défi climatique. Au fait, si quelqu’un vous a fait suivre cette infolettre, vous pouvez vous inscrire en cliquant ici.

La question de la semaine

« Bonjour et merci pour votre podcast, je m’excuse de poser une question un peu personnelle mais depuis quelques années j’ai de plus en plus d’allergies et je vois que de plus en plus de gens autour de moi sont allergiques aux pollens. Est-ce que c’est la faute du changement climatique ? » Question posée par Manon à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr.

Ma réponse : oui, le changement climatique aggrave les allergies, c’est un fait scientifique établi depuis de nombreuses années. D’une part, l’augmentation des températures entraîne un allongement de la saison des pollens et, d’autre part, la forte concentration de CO2 dans l’atmosphère dope la production de pollens. Vous pouvez en savoir plus en lisant cet article très bien fait, avec des graphiques, de ma collègue Raphaëlle Aubert.

1 - Pourquoi les pollens sont renforcés

Environ 30 % des adultes et 20 % des adolescents seraient concernés par les allergies au pollen en France, selon l’Inserm. Trois raisons expliquent l’aggravation progressive des allergies aux pollens à cause du changement climatique. D’abord, les saisons polliniques s’allongent : les températures sont plus élevées, ce qui permet à certains arbres de fleurir plus tôt, notamment les noisetiers, les aulnes et les cyprès. Ce qui a deux conséquences : la période pénible pour les personnes allergiques s’allonge chaque année et le nombre de personnes concernées augmente.

Un autre facteur compte : notre utilisation des énergies fossiles – le pétrole, le gaz et le charbon augmentent la concentration de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère. Cette présence excessive de gaz à effet de serre est la cause du changement climatique, mais a aussi une autre conséquence : le CO2, nécessaire à la photosynthèse des plantes, accroît de façon significative la production de pollen.

Enfin, comme le montre la carte publiée dans cet article (il faut descendre un peu), les modifications du climat permettent à certaines espèces de migrer progressivement vers des zones qui n’étaient pas vraiment concernées aujourd’hui par les allergies aux pollens.

2 - Pourquoi c’est embêtant

Au-delà des désagréments – qui peuvent être importants – causés par les allergies, cette augmentation s’inscrit dans un contexte dans lequel la pollution de l’air est déjà un problème important en Europe. J’en ai parlé avec Jean-David Zeitoun, médecin épidémiologiste invité dans « Chaleur humaine » pour parler de santé et de climat. Il note que le changement climatique « affecte particulièrement les personnes asthmatiques ou ayant des allergies de façon plus générale, en partie en augmentant l’exposition aux déclencheurs de crise, comme les allergènes aériens ou l’ozone ». Il ajoute deux choses : d’abord, que « les enfants sont particulièrement vulnérables » et, ensuite, que « les effets des canicules et de la pollution se multiplient entre eux ». Ce qui signifie que le développement massif des allergies contribue à augmenter les risques de maladies respiratoires ou cardiovasculaires.

Il y a une sorte de combo négatif : les plus vulnérables le deviennent encore plus et les effets du changement climatiques et de la pollution se conjuguent. Jean-David Zeitoun explique dans son livre Le Suicide de l’espèce (Denoël), à quel point une réglementation plus stricte sur la circulation automobile aurait des effets positifs immédiats sur les maladies respiratoires – tout en permettant de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre.

Un peu de « Chaleur humaine » en plus

Sur mon agenda. Si vous voulez venir papoter autour du livre Chaleur humaine et du podcast, vous êtes les bienvenus à la librairie L’Instant, à Paris, dans le 15e arrondissement, mardi 24 octobre, à 19 h 30. D’autres rencontres sont en cours de calage, si vous souhaitez en organiser, n’hésitez pas à m’écrire à chaleurhumaine@lemonde.fr.

Sur ma liste de lecture (1). Une carte (en anglais) réalisée par nos confrères britanniques du Guardian à propos de la pollution de l’air en Europe. Elle permet de voir à quel point vivre en Polonge ou dans le nord de l’Italie est un enfer pour les poumons – et me donne envie d’aller m’installer dans ma Corrèze d’adoption.

Sur ma liste de lecture (2). Un article de nos confrères de Basta qui explique bien pourquoi produire des tomates en serre chauffée n’est pas du tout une bonne idée. Une tomate qui pousse ainsi va émettre trois fois plus de gaz à effet de serre qu’une tomate importée d’un pays du sud de l’Europe et sept fois plus qu’une tomate produite en France en saison !

A vos courriels. Ma collègue Cécile Cazenave, qui a rejoint l’équipe de « Chaleur humaine », a lancé une chronique formidable sur comment parler du climat aux enfants. Dans le deuxième volet, elle s’interroge sur le fait d’imposer (ou non) à nos enfants les « écogestes » qui nous font des nœuds à la tête. Vous pouvez d’ailleurs envoyer vos témoignages sur le sujet à l’adresse : parentsetclimat@lemonde.fr.



LE PODCAST DE LA SEMAINE

Comment se débarrasser du plastique ?

Pour limiter la place du plastique dans nos vies, il est urgent d’en limiter la production, explique la chercheuse Nathalie Gontard dans cet épisode de notre podcast « Chaleur humaine ».

Le podcast Chaleur humaine

Comment se débarrasser du plastique ?

17 octobre 2023

Écouter l'épisode
 

En 2022, le monde a produit 500 millions de tonnes de plastique. Et, si on continue sur cette trajectoire, ce sera deux fois plus en 2060. Plus incroyable encore : la moitié des plastiques qui existent dans le monde ont été fabriqués depuis l’an 2000. En une vingtaine d’années tout juste. Que va-t-on faire de tout ce plastique parfois utilisé une seule fois avant d’être rejeté dans la nature ? Pourquoi le plastique pose-t-il des problèmes aussi importants ? Quelles sont nos options pour ne pas finir dans un océan de sacs-poubelles ?

Nathalie Gontard est spécialiste des emballages, directrice de recherche l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). Elle est également l’autrice de Plastique. Le grand emballement, paru en 2020 chez Stock.

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L'ARTICLE DE LA SEMAINE

Pourquoi les forêts françaises absorbent de moins en moins de carbone

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La transition écologique s’appuie en partie sur les forêts françaises, mais leur capacité à absorber les émissions humaines de dioxyde de carbone s’effondre depuis une quinzaine d’années.

Le président de la République, Emmanuel Macron, ne s’est pas attardé sur les forêts françaises, le 25 septembre, en détaillant sa stratégie pour la transition écologique. Mais celles-ci sont bien au cœur du travail préparatoire du secrétariat général à la planification écologique (SGPE) qui, au terme d’un an de travail, a établi, secteur par secteur, des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ceux fixés pour les forêts françaises sont clairs : en 2030, elles devront absorber 10 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) de plus qu’en 2019, participant ainsi à près de 5 % de la réduction attendue d’ici à sept ans (− 214 Mt).

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A LIRE CETTE SEMAINE

Avec la fonte des glaciers, l’émergence de nouveaux territoires à protéger : « On assiste à la naissance d’un écosystème »

D’ici à 2100, jusqu’à 340 000 kilomètres carrés de terrain pourraient être désenglacés, laissant apparaître forêts, lacs ou zones minérales. Des espaces témoins du réchauffement, qui risquent de susciter des convoitises.

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