Pour être sûr(e) de recevoir la newsletter, ajoutez newsletters@redaction.lemonde.fr à votre carnet d’adresses. Voir dans le navigateur
Édition du mardi 4 juillet 2023
Chaleur humaine
Comment faire face au défi climatique : retrouvez, le mardi à midi, la sélection d’articles de la rédaction du Monde.

Climat : la France est-elle sur la bonne trajectoire ?

Si quelqu’un vous a fait suivre cette infolettre, vous pouvez cliquer ici pour la recevoir gratuitement tous les mardis.

« Bonjour, j’ai découvert récemment votre podcast et j’aimerais vous demander : à quel point avons-nous avancé collectivement sur les sujets que vous mettez en lumière, les politiques publiques, les efforts collectifs, la justice climato-sociale ? Sommes-nous sur la bonne trajectoire ou pas encore ? » Question envoyée par Didier à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr.

Ma réponse : Non, la France n’est pas sur la bonne trajectoire, comme l’a rappelé à la fin de juin le dernier rapport du Haut Conseil pour le climat (HCC). Pour être dans les clous par rapport à nos engagements climatiques, les émissions de gaz à effet de serre devraient baisser deux fois plus vite qu’au rythme actuel. (Vous pouvez lire ici un article sur ce sujet écrit par ma collègue Audrey Garric).

1 - A quel point la France est-elle en retard sur ses engagements ?

La France a inscrit dans la loi en 2019 le fait d’atteindre la « neutralité carbone » en 2050. Par ailleurs, l’Union européenne, dont la France fait partie, s’est fixée pour objectif de diminuer de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à 1990.

La bonne nouvelle, c’est que les émissions de la France décroissent globalement depuis 1990. La mauvaise nouvelle, c’est que le rythme de cette baisse est trop faible pour atteindre nos objectifs – et donc espérer conserver des conditions habitables sur cette planète. En 2022, les émissions de gaz à effet de serre de la France ont baissé de 2,7 % par rapport à 2021. Cette baisse devrait doubler chaque année d’ici à 2030, prévient le rapport du Haut Conseil.

Ce rapport note que la situation se complique sur un point : les forêts françaises, victimes du réchauffement climatique, absorbent moins de carbone qu’auparavant. Ce qui fait que nos efforts doivent être encore plus importants, puisque nous pouvons moins nous reposer sur les puits de carbone existants. (C’est très bien expliqué dans cet article de Perrine Mouterde)

Une note d’espoir (relative) : l’année 2023 s’annonce un peu meilleure, avec une baisse des émissions de 4,2 % sur le premier trimestre - ce qui est quasiment le rythme nécessaire pour atteindre nos objectifs. Bon, il faut admettre que cette baisse est surtout liée à un hiver clément (on a moins mis le chauffage) et à une hausse des prix de l’énergie (les industries ont limité leur activité), donc ce n’est pas vraiment gagné.

2 - Où faut-il faire porter les efforts ?

Les experts du HCC font une liste très claire des domaines dans lesquels nous n’allons pas dans la bonne direction. « Aucun n’est un bon élève », précise Corinne Le Quéré, la présidente du Haut Conseil. D’abord les transports, plus gros secteur émetteur, qui connaît une augmentation préoccupante : + 2, 3 % d’émissions en un an. En cause, le poids des véhicules, l’électrification, qui ne va pas assez vite, et un manque de politiques publiques cohérentes pour diminuer la place de la voiture individuelle. (Nous en avions parlé ici avec Aurélien Bigo dans un épisode du podcast « Chaleur humaine »).

Dans l’agriculture, les émissions baissent, mais cela est dû principalement à des raisons économiques plutôt qu’à des choix structurels : l’élevage est mal en point, les engrais ont coûté plus cher cette année. La diminution doit s’accélérer massivement, souligne le Haut Conseil pour le climat, qui s’inquiète du manque de politique cohérente dans ce domaine.

Dans l’industrie et le bâtiment, les émissions sont en baisse, ce qui est une bonne nouvelle – même si une part est liée à un hiver doux et à des prix de l’énergie élevés. Mais, là encore, les efforts doivent être renforcés, avec notamment une véritable politique de rénovation des logements, aujourd’hui réalisée « à un rythme très insuffisant », note le HCC.

Un autre domaine est en augmentation : l’énergie, puisque la France a dû faire fonctionner plus que d’habitude les centrales à gaz et au charbon en raison des défauts constatés sur plusieurs réacteurs nucléaires. Le rapport du Haut Conseil appelle surtout à accélérer le développement des énergies renouvelables productrices d’électricité, comme l’éolien et le solaire.

Au-delà des efforts par secteur, le Haut Conseil appelle à transformer la politique économique du pays pour aligner nos choix budgétaires, fiscaux, industriels avec nos objectifs climatiques. En d’autres termes : cesser de soutenir les énergies fossiles et dégager des moyens pour la transition. Le rapport évoque autour de 30 milliards d’investissements supplémentaires par an, comme le soulignait déjà le rapport de Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz paru en mai.

Un peu de Chaleur humaine en plus

Sur nos écrans. La série Adaptation du Monde se poursuit jusqu’à la mi-juillet, et si vous avez raté le dernier épisode sur l’outre-mer, je vous le recommande vivement. Des morceaux de France sont déjà largement touchés par le réchauffement… et les réponses sont rarement à la hauteur. Avec notamment un excellent reportage de ma collègue Nathalie Guibert en Polynésie, où l’archipel de Tuamotu est menacé d’une disparition probable. Tous les articles Adaptation sont à retrouver ici.

Sur mon clavier. Après avoir observé l’attitude des géants du pétrole au cours des dernières semaines et discuté avec plusieurs acteurs du secteur, j’ai écrit cette analyse sur le changement de cap des compagnies pétrolières, qui préfèrent oublier leurs engagements climatiques, tant le baril est aujourd’hui rentable.

Dans nos oreilles. Mes camarades du service vidéo du Monde continuent leur mission de publier sur YouTube les épisodes de « Chaleur humaine » en commençant par le début, la liste de lecture se remplit petit à petit, elle est ici.

Dans mes signets. Cet outil du Financial Times qui permet de connaître les objectifs climatiques de chaque pays et où ils en sont ; très instructif et utile pour nourrir des discussions sur le sujet.



LE PODCAST DE LA SEMAINE

Comment se libérer de la voiture individuelle ?

Nos déplacements en voiture jouent un rôle considérable dans les émissions de gaz à effet de serre, mais nous disposons désormais de nombreux outils pour limiter sa place, souligne le chercheur Aurélien Bigo.

Le podcast Chaleur humaine

Comment se libérer de la voiture individuelle ?

9 mai 2023

Écouter l'épisode
 

Pour recevoir gratuitement la newsletter « Chaleur humaine » tous les mardis, cliquez ici.

En 2023, 38 millions de voitures sont en circulation en France : à elle seule, la voiture pèse 16 % de nos émissions de gaz à effet de serre. Comment faire pour diminuer sa place ? Existe-t-il des solutions qui ont déjà été testées, et qui permettent d’y arriver ? Vers quels autres types de véhicules peut-on se tourner ?

Retrouver tous les épisodes Retrouver tous les épisodes



L'ARTICLE DE LA SEMAINE

CHRISTIAN BEUTLER / KEYSTONE/MAXPPP

Le train de nuit attend encore son grand soir

, , , ,

Article réservé aux abonnés

Alternative séduisante au TGV ou à l’avion pour limiter les émissions de CO₂, les trains de nuit font leur retour en Europe. Mais le big bang tant espéré par leurs fervents défenseurs se heurte à de nombreux obstacles économiques et industriels.

C’est une lente renaissance. Au début de la décennie 2010, les uns après les autres, les pays européens ont renoncé aux trains de nuit. Une véritable hécatombe. Seules quelques exceptions, comme le Paris-Briançon, le Paris-Rodez-Latour-de-Carol, via Toulouse, le Rome-Palerme ou les lignes autrichiennes, ont échappé à cette lame de fond. Dans certains Etats, comme l’Espagne, ces trains ont complètement disparu. De Paris, on ne peut plus aller à Venise par le rail, sauf à voyager dans le luxueux et inaccessible Venice-Simplon-Orient-Express. Les liaisons qui se sont maintenues ont beaucoup souffert : peu d’investissements, pas de renouvellement du matériel roulant, de gros défauts de ponctualité.

Lire la suite Lire l'article


A LIRE CETTE SEMAINE

Le plastique, une menace à l’échelle planétaire

Largement utilisé depuis cinquante ans, le plastique est un danger pour les écosystèmes, la santé humaine ou le climat. Si bien que des négociations ont récemment eu lieu pour parvenir à un traité international sur le sujet. Stéphane Mandard, journaliste au service Planète du « Monde », nous explique pourquoi il est crucial d’enrayer cette pollution massive.

, ,

Lire la suite Lire la suite
Le Mexique touché par une vague de chaleur intense et meurtrière

Cet épisode, particulièrement marqué dans le nord du pays, a provoqué la mort d’au moins 112 personnes. Le sud-est des Etats-Unis n’est pas épargné par ces températures très élevées, qui pourraient se prolonger plusieurs jours encore.

,

Lire la suite Lire la suite
Des ONG dénoncent la gestion d’actifs trop passive en matière de climat

Les grands gestionnaires d’actifs ne réduisent pas assez leurs investissements dans les énergies fossiles, selon un rapport signé par cinq ONG qui appellent à accroître la pression sur ces grands acteurs financiers.

,

Lire la suite Lire la suite
Les humains sont des superprédateurs qui exploitent un tiers des espèces de vertébrés

Une étude, publiée jeudi, quantifie les différents usages que les hommes font des animaux et leur impact global sur la biodiversité.

,

Lire la suite Lire la suite