« Bonjour. Merci beaucoup pour la qualité et la chaleur humaine que vous nous partagez dans vos podcasts. Nous achetons souvent de seconde main pour éviter l’achat d’appareils neufs émetteurs de CO2 lors de la fabrication. Mais est-ce une bonne logique pour tous les achats ? Si on parle de chaudière à gaz : vaut-il mieux la pousser au bout ou faudrait-il envisager de la changer, par exemple pour une pompe à chaleur ? » Question posée par Camille à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr Ma réponse : Oui, il vaut mieux changer sa vieille chaudière à gaz, souvent assez émettrice, mais il est important d’abord d’isoler le mieux possible son logement, pour que l’opération soit efficace (et pas trop coûteuse !). Tout ceci est très bien expliqué dans cette vidéo pédagogique (et frigorifique) de ma collègue Anna Moreau. 1/L’important, c’est la pose Cela peut sembler bizarre, mais la réponse rationnelle à cette question, c’est d’abord de vérifier et de renforcer l’isolation de son logement. S’il est mieux isolé, il va mieux conserver la chaleur (et sera plus agréable à vivre). Surtout, si on saute cette étape, on risque de se retrouver à payer beaucoup plus cher et à dépenser plus d’énergie. « Installer une pompe à chaleur dans une passoire énergétique, cela revient à chauffer dehors », expliquait récemment le président-directeur général de Saint-Gobain, Benoît Bazin, lors d’une rencontre dans les locaux du Monde avec mes collègues Philippe Escande et Emeline Cazi. C’est également le conseil que donne l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), chargée de la transition, dans cette brochure très bien faite et sobrement intitulée « changer de chauffage ». 2/L’adieu à nos vieilles chaudières D’une manière générale, il est vrai que si on peut éviter d’acheter du neuf et utiliser l’existant, on a des grandes chances d’éviter des émissions de gaz à effet de serre puisqu’un produit neuf demande forcément de la consommation d’énergie, du transport, etc. Mais la réflexion est un peu différente avec un équipement qui émet directement des gaz à effet de serre, comme un véhicule thermique ou une chaudière à gaz. Il est difficile de mesurer avec précision les émissions d’une seule chaudière à gaz, cela dépend de son âge, du modèle, de son entretien, etc. Mais une chose est sûre : elle va émettre et, si elle est ancienne, elle a de grandes chances d’émettre beaucoup. La changer est donc une manière efficace de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’un logement. 3/Les options pour changer Donc, une fois l’isolation faite, plusieurs options existent pour les propriétaires désireux de changer de mode de chauffage, suivant l’endroit dans lequel vous habitez. La pompe à chaleur est l’une des options les plus efficaces si vous habitez dans une maison individuelle. Mais attention : il faut qu’elle soit bien dimensionnée, d’abord, et par ailleurs, toutes les pompes à chaleur ne se valent pas. (Si vous voulez comprendre leur fonctionnement, cette vidéo dont je parlais plus haut est bien faite) Vous pouvez aussi, s’il existe, être raccordé à un réseau de chaleur urbaine, investir dans une chaudière bois ou dans du solaire thermique. Voici ici un article pour vous aider à vous y retrouver dans les aides à la rénovation, qui ne sont pas très bien faites – on y reviendra dans un prochain épisode de « Chaleur humaine », promis juré. Enfin, il est toujours possible de réinvestir dans le gaz, avec une chaudière très performante, qui consommera beaucoup moins. Mais, attention, une chaudière est un équipement qui a une durée de vie longue, et rien ne garantit qu’en 2035 ou en 2040 le gaz sera aussi utilisé qu’aujourd’hui. La filière gazière estime qu’elle pourra remplacer une partie significative du gaz fossile par du biogaz (produit avec des déchets végétaux), mais certains en doutent. (Voir ici un article sur le sujet de mon collègue Adrien Pécout) Quelques degrés en plus de « Chaleur humaine » Glaciers et éducation au climat. Comme le sujet du jour est glacial, j’en profite pour vous recommander ci-dessous l’épisode avec l’exploratrice des glaces Heïdi Sevestre : elle sort dans quelques jours un livre coécrit avec François Bernard sur le voyage d’une classe de techno de La Rochelle au Svalbard, tout près du pôle Nord. Un mélange étonnant de récit de voyage, de formation scientifique et de manuel d’éducation. Les 2 degrés mieux expliqués. Samuel, un lecteur de « Chaleur humaine » sympa et poli m’a écrit (poliment, donc) pour me dire que mon explication de la semaine dernière n’était pas très claire, et conseiller cette vidéo très bien faite du CNRS, qui explique plus concrètement l’impact sur l’Europe d’un réchauffement à 2 degrés. Penser et agir avec André Gorz. Si vous avez un peu de temps libre, cette conférence intello de mes confrères de L’Obs sur le centenaire de la naissance de l’un des pionniers de l’écologie politique vous intéressera – en tout cas moi, j’ai appris des tas de choses sur l’œuvre d’un penseur que je connais mal et qui nourrit la réflexion, notamment sur l’usage des technologies pour la transition. C’est complet. La première rencontre « Chaleur humaine » en public qui aura lieu le 8 mars affiche complet, merci à toutes et tous ceux qui se sont inscrits, et désolé pour les autres, l’auditorium du Monde est limité en places assises ! Si toutefois vous êtes intéressés pour les prochains rendez-vous, vous pouvez vous inscrire ici, merci ! |