A vos marques, prêts ? Jeux olympiques (JO) de Paris, J − 100. Le décompte menant à la cérémonie d’ouverture, le 26 juillet, est lancé depuis mercredi 17 avril. Tony Estanguet est dans les starting-blocks. « Nous sommes prêts pour cette dernière ligne droite », veut rassurer le président du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) face aux « nombreux défis [encore] à relever ». Devant lui, les cent derniers mètres d’une aventure qui a commencé en septembre 2017, à Lima. Les cent derniers kilomètres, persiflent les plus pessimistes, tant le chemin semble encore long et tortueux. Alors à cent jours de « ses » Jeux, la France est-elle prête à « faire la fête et accueillir le monde », comme l’espère le triple champion olympique de canoë ? Les alertes sur le risque d’embolie dans les transports et la crainte d’une dérive pour les finances publiques d’un événement dont on peine à objectiver les retombées économiques sèment le doute. Sans compter les craintes en matière sécuritaire, particulièrement par rapport à la menace terroriste – la cérémonie d’ouverture aura-t-elle vraiment lieu sur la Seine ? Si l’on y ajoute la défiance des Français à l’égard du rendez-vous olympique, difficile de verser dans un optimisme forcené. « Tout est sous contrôle », répondent les organisateurs des Jeux. Un acteur public important du projet euphémise : « Nous sommes dans la limitation des imprévus. » Comprendre : sorties de route interdites. Problème, le risque de dérapage budgétaire pour le Cojop est plus élevé dans la dernière ligne droite. La promesse de Jeux qui ne coûteront rien au contribuable – le mantra « Les Jeux financent les Jeux » – ne sera pas tenue. Les primes accordées aux fonctionnaires mobilisés pendant l’été grèveront les finances publiques. Tout le monde reconnaît que ce sont des « dépenses liées aux Jeux », mais personne ne l’assume publiquement. « Marier le patrimoine avec les émotions du sport » Pierre Moscovici, le président de la Cour des comptes, estime la dépense publique totale pour les Jeux à « entre 3 milliards et 5 milliards d’euros ». « Il n’y aura pas d’impôt JO », a promis le président de la République, en juin 2022. La ministre des sports et des Jeux, Amélie Oudéa-Castéra, se dit, elle, « certaine » que les JO rapporteront plus qu’ils ne coûteront à la nation. Il y a pourtant des raisons de s’enthousiasmer pour ces premiers Jeux d’été en France depuis cent ans. Pour la première fois de l’histoire, il y aura autant d’athlètes masculins que féminins aux JO. Paris 2024 ambitionne aussi de diviser par deux l’empreinte carbone des JO par rapport aux éditions précédentes. Un effort certes insuffisant, mais louable. Et puis la quinzaine olympique sera l’occasion de « marier le patrimoine avec les émotions du sport », se réjouit Tony Estanguet. L’escrime au Grand Palais, l’équitation dans le parc du château de Versailles, le cyclisme dans les rues de Montmartre… Les images marqueront. Et le sport, justement, on peut en parler ? La France n’a jamais paru aussi bien armée pour battre son record de médailles et réintégrer le top cinq des nations, comme à Atlanta (Etats-Unis) en 1996. Avec le nageur Léon Marchand, elle tient potentiellement la star qu’elle cherchait depuis Marie-Josée Pérec – double championne olympique en 1996, après un premier sacre à Barcelone en 1992. Un premier révélateur de l’appétit des Français pour les Jeux sera l’arrivée de la flamme olympique à Marseille, le 8 mai. Difficile pour le moment de déceler dans les sondages d’opinion la moindre étincelle. Mais, après tout, on était loin aussi de l’enthousiasme généralisé dans les mois précédant les JO à Londres, à Rio et à Tokyo. Il reste un peu moins de cent jours aux Français pour se laisser prendre aux Jeux. Par Nicolas Lepeltier |