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Édition du dimanche 24 mars 2024
Chaque semaine, Le Monde décrypte l’actualité et les enjeux des Jeux olympiques et paralympiques de 2024

Paris 2024 : « Les Ukrainiens ont gagné la bataille de la Seine »

L’idéal de la paix par le sport n’a jamais paru aussi éloigné. Au terme d’une semaine de tensions inédites depuis la fin de la guerre froide, le Comité international olympique (CIO) et la Russie s’observent comme les deux Corées de part et d’autre de leur frontière démilitarisée. Spectatrice attentive de l’escalade entre Lausanne et Moscou, l’Ukraine, elle, en est ressortie renforcée.

Excédé par « l’agressivité » croissante de la Russie à son égard, le CIO, longtemps accusé de complaisance envers Moscou, a distribué les uppercuts mardi 19 mars : exclusion des athlètes russes et biélorusses de la cérémonie d’ouverture olympique sur la Seine ; condamnation ferme des Jeux de l’amitié, ces « contre-JO » que la Russie cherche à réhabiliter en septembre ; renforcement du cadre de neutralité, condition de la participation des athlètes des deux pays parias…

Groggy par ces nouvelles « humiliations », le pouvoir poutinien a alors versé dans la surenchère et l’injure, accusant le CIO de « basculer dans le racisme et le néonazisme ». La rhétorique n’est pas nouvelle, les mêmes arguments avaient été utilisés contre Kiev pour justifier l’invasion de l’Ukraine fin février 2022.

Lire aussi : Paris 2024 : le CIO accuse la Russie de « politiser le sport » et condamne l’organisation des Jeux de l’amitié, une compétition concurrente des Jeux olympiques

Les Ukrainiens, justement, boivent du petit-lait. Depuis deux ans, ils font du lobbying à tous crins contre la présence des Russes aux Jeux de Paris. « Le CIO a clairement indiqué que la Russie n’avait pas sa place dans le sport international », s’est félicité mercredi le ministre ukrainien des sports, Matvi Bidny, après la décision du CIO, « très attendue ».

Victoire symbolique pour Kiev

Bousculé par les troupes russes sur le terrain militaire, Kiev vient donc de remporter sur le front olympique une première victoire. Pas la plus décisive mais assurément la plus symbolique : la « bataille de la Seine ». Car il y a fort à parier que la délégation jaune et bleu recevra un accueil chaleureux le long des six kilomètres de berges le 26 juillet. Malheur aux absents, les images feront l’histoire.

Lire aussi : Paris 2024 : « Le statut de la neutralité pour les athlètes russes, c’est de l’irresponsabilité », affirme le ministre des sports ukrainien

Mais ce n’est pas suffisant aux yeux des Ukrainiens. Pour Kiev, aucun Russe, neutre ou pas, ne doit voir Paris. Le simple fait qu’ils soient détenteurs d’un passeport russe les disqualifie d’office, estime Matvi Bidny. « En Russie, les sports et les athlètes sont utilisés comme des instruments de la guerre hybride contre le monde civilisé », a commenté le ministre ukrainien des sports sur le média Tribuna.com.

En coulisses, Kiev active ses réseaux. Les contacts avec le CIO et le gouvernement français sont réguliers ; des clips sur les réseaux sociaux appellent au boycott des Russes ; l’Ukraine tient à jour une liste, publiée début février, de sportifs qui ne respectent pas les critères de neutralité imposés par Lausanne, preuves à l’appui. Et une pétition signée à ce jour par plus de 260 athlètes ukrainiens a été envoyée à la fin de l’été 2023 au président Macron et aux organisateurs français des Jeux, réclamant l’exclusion totale des Russes et des Biélorusses…

Le momentum est du côté de l’Ukraine : Kiev a reçu également l’appui du Conseil de l’Europe, qui, mercredi, a déclaré que la présence des Russes à Paris serait « une insulte aux athlètes ukrainiens ».

Dans cette nouvelle guerre froide sportive, la trêve olympique sera bientôt invoquée, pour amener les belligérants à rester l’arme au pied. Avec autant de persuasion qu’une résolution non contraignante à l’ONU. Une trêve des combats pendant les Jeux ? Vladimir Poutine l’a déjà foulée aux pieds à trois reprises : en 2008, 2014 et 2022.

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LE CHIFFRE


20 %

C’est la proportion des quelque 220 000 billets permettant d’accéder gratuitement aux quais hauts de la Seine lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, le 26 juillet, qui seront réservés aux étudiants devant céder leur logement Crous durant l’été ainsi qu’aux riverains et commerces situés dans la zone de l’événement. La précision a été apportée, mardi 19 mars, puis jeudi 21 mars, par la ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra. L’Etat, la Ville de Paris et le Comité d’organisation de Paris 2024 vont distribuer un peu moins de 140 000 billets. Les collectivités parties prenantes des Jeux (région Île-de-France, villes hôtes, villes traversées par les épreuves sur route) disposeront de 75 000 places à attribuer. Il y en aura un peu moins de 10 000 pour le mouvement sportif (comité olympique, comité paralympique).



LA PHRASE

« L’équilibre financier n’est pas encore atteint »

Le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), David Lappartient, a reconnu, lundi 18 mars, que le financement du Club France, lieu de célébration du sport français durant les Jeux, était loin d’être bouclé. « On est au-delà » de ce qui était prévu en ce qui concerne le coût (22 millions d’euros) de cet espace qui sera installé dans la Grande Halle de la Villette à Paris, a-t-il expliqué, confirmant un article publié par Le Parisien. « On est en train de travailler pour limiter cela au maximum », a-t-il ajouté. Le CNOSF et le comité paralympique ont prévu de dépenser près de 7 millions d’euros à eux deux. Si les dépenses sont plus fortes que prévu pour « la sécurité par exemple », les recettes sont aussi moins importantes qu’anticipé, du fait notamment que plusieurs fédérations ont refusé de payer le prix demandé pour s’installer dans ce Club France et ont opté pour leur propre espace de célébration ailleurs qu’à la Villette.



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L’IMAGE

Une vue du terrain principal du stade Yves-du-Manoir à Colombes, le 19 mars. MIGUEL MEDINA / AFP

Rénové en vue des Jeux olympiques (JO), le stade Yves-du-Manoir de Colombes (Hauts-de-Seine), qui fut l’épicentre des JO de 1924 et accueillera cet été les épreuves de hockey sur gazon, a été officiellement inauguré mardi 19 mars. La tribune historique de 6 000 places, vestige du stade d’origine, a été remise aux normes. Elle sera complétée par des tribunes éphémères installées pour les JO. Deux terrains synthétiques éclairés de hockey sur gazon ont par ailleurs été construits, l’un doté d’une tribune de 1 000 places. Le chantier de la réhabilitation, achevé en décembre 2023, a coûté 101 millions d’euros, dont un peu plus de 90 millions financés par le département.




L’AGENDA


25 mars : inauguration du village des médias, à Dugny (Seine-Saint-Denis).

2 avril : inauguration de la marina de Marseille, où auront lieu les épreuves olympiques de voile.

2 au 6 avril : semaine olympique et paralympique.

4 avril : inauguration du Centre aquatique olympique, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

8 au 14 avril : événement test à Châteauroux (Indre) avec des compétitions de tir sur le futur site olympique.