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Vendredi 24 juin 2022
Présidentielle 2022
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Après les législatives, tous désunis contre le blocage

Les amendements sont une pratique mieux connue des parlementaires que du chef de l’Etat. Dans son allocution du mercredi 22 juin, Emmanuel Macron n’est pas revenu sur une seule ligne de son programme en dépit de la sanction brutale exprimée par les électeurs au second tour des législatives, qui n’ont donné au camp du président qu’une majorité très relative à l’Assemblée nationale, bien faible pour faire passer des réformes en vitesse.

Au contraire, le locataire de l’Elysée a renvoyé à ses rivaux la charge d’éventuels atermoiements dans l’Hémicycle, en assurant qu’il « faudra clarifier dans les prochains jours la part de responsabilité et de coopération que les différentes formations de l’Assemblée nationale sont prêtes à prendre », tout en esquissant une alternative entre un gouvernement de coalition et des majorités construites texte par texte.

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Se faire ainsi renvoyer la balle n’a pas été du goût de nombreux représentants des oppositions, dont le chef de l’Etat et la première ministre ont consulté les responsables cette semaine. « Ce ne sont pas les groupes d’opposition qui doivent dire “bon, on est d’accord pour mettre en place le programme d’Emmanuel Macron” », s’est offusqué Manuel Bompard, député de La France insoumise des Bouches-du-Rhône. Jordan Bardella, président par intérim du Rassemblement national, n’a pas mieux compris comment le chef de l’Etat peut vouloir « changer de méthode sans changer une virgule de son projet ».

La confusion paraît plus grande dans les rangs des Républicains (LR), forts de 64 députés, qui pourraient devenir aux yeux de la majorité une précieuse force d’appoint à l’Assemblée. Au sortir de son entrevue avec le chef de l’Etat, mardi, Christian Jacob, futur ex-patron du parti, s’était pourtant voulu ferme, rejetant « toute logique de pacte » avec les macronistes. D’autres ne sont pas du même avis, à l’image de Jean Rottner, le président (LR) de la région Grand-Est, pour qui « il va falloir apprendre à travailler avec Emmanuel Macron d’une manière ou d’une autre ». Ou de Christelle Morançais, son homologue des Pays de la Loire, qui s’est dite plus favorable à la « main tendue » qu’au « poing fermé ».

Cet état des forces pourrait mettre du vent dans les voiles d’Edouard Philippe, le patron des macronistes de droite. Certes, l’ancien premier ministre considère ne pas être « le mieux placé » pour mener des discussions avec LR. Mais il juge aussi qu’avec ses anciens camarades, la majorité présidentielle pourrait trouver « des compromis qui seraient faciles pour le pays ».

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Marine Le Pen s'exprime devant une partie des députés Rassemblement national depuis l’Hémicycle, le 22 juin 2022, à Paris.

JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »

Particulièrement impressionnés, très humbles et débordants d’enthousiasme, les 89 députés du Rassemblement national ont fait leur entrée à l’Assemblée nationale, mercredi 22 juin, cornaqués par leur patronne, Marine Le Pen. Celle-ci, réélue dans sa circonscription du Pas-de-Calais, est devenue leur présidente de groupe l’après-midi même, par la grâce d’une simple acclamation de ses troupes. Laure Lavalette, députée du Var, s’exclame : « Cela fait trente ans qu’on attendait d’avoir des représentants en masse à l’Assemblée. Alléluia, les gens qui votent pour nous ne sont plus considérés comme des sous-citoyens ! »

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« Les temps exigent qu’on n’ait pas le sentiment que c’est la technique qui gouverne le pays »

François Bayrou, sur France Inter, mercredi 22 juin

Le président du MoDem préfère visiblement les périphrases à Elisabeth Borne. Sans la citer – mais en usant d’une formule qui désigne sans ambiguïté la première ministre, souvent réputée « technocrate » –, François Bayrou a envisagé publiquement le remplacement de la locataire de Matignon, sur la sellette depuis l’échec du camp présidentiel à conserver sa majorité absolue à l’Assemblée nationale. Les Français « veulent que la manière de gouverner (…) change », a jugé sur France Inter celui qui reste l’un des principaux alliés d’Emmanuel Macron.

Les appels au remplacement de Mme Borne sont aussi venus des oppositions, plus nets et plus attendus. Elle n’est « pas en état de gouverner », a jugé Adrien Quatennens, député La France insoumise, mardi devant le Palais-Bourbon. Emmanuel Macron doit « changer de premier ministre et de gouvernement », a aussi estimé, lundi, Valérie Pécresse, ancienne candidate du parti Les Républicains à l’Elysée.

L’intéressée a répondu jeudi soir à ces attaques, sur LCI. Démissionner ? « Je ne suis pas en train de me poser ce genre de questions, je suis à l’action », a rétorqué la première ministre. Quant à la perspective de ferrailler contre les oppositions dans le débat parlementaire, « cela ne me fait pas peur (…), cela ne m’impressionne pas », a-t-elle assuré.

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215

A l’instar de la majorité présidentielle, la parité hommes-femmes a perdu du terrain dans l’Hémicycle. La nouvelle Assemblée comptera seulement 215 femmes sur les 577 sièges, soit 37,26 % de députées, contre 39 % après les législatives de 2017. Il y a cinq ans, la féminisation s’établissait 12 points au-dessus de 2012, soit trois fois plus qu’en 2002, quand les femmes représentaient à peine 9 % des élus.

Comme en 2017, c’est le groupe Les Républicains qui est le moins équilibré, avec 18 femmes sur 61 élus (29,5 %). La Nouvelle Union populaire écologique et sociale compte quant à elle 43,6 % de députées. La majorité présidentielle compte 40,4 % de femmes, et le RN, 37,1 %.

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Législatives 2022 à Paris : LR et le PS rayés de la carte, du jamais-vu dans la capitale

La capitale se divise désormais, à l’Assemblée, entre des députés écologistes et « insoumis » et des députés macronistes.

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Archive « Le Monde » du 18 juin 1988.

En 1988, Jacques Chirac a échoué à l’élection présidentielle, et le RPR [Rassemblement pour la République] n’a pas non plus remporté la majorité aux élections législatives, permettant à François Mitterrand, le président socialiste réélu, de sortir de la première cohabitation. Ce 16 juin, pourtant, lors d’une réunion du RPR au Palais-Bourbon, l’ambiance reste bonne, et si « d’aucuns s’attendaient à une séance musclée, ce fut une mélodie en sous-sol », constate notre journaliste Pierre Servent. On tire, bien sûr, les conséquences de la défaite : qui en prônant le « débat d’idées » au sein du mouvement, qui en s’inquiétant de sa « dérive droitière et bourgeoise ».

Cependant, une âpre campagne a commencé en sourdine pour la présidence du groupe des 134 députés RPR. Ceux qu’on appelle les « jeunes Turcs » poussent Philippe Séguin, tenu pour garant d’un renouvellement du parti, contre Bernard Pons, député de Paris. Les amabilités fusent : « Séguin a de grandes capacités, mais c’est un caractériel », s’alarme un ponsiste. « On ne peut pas s’embarquer avec la casserole d’Ouvéa », rétorque un partisan de son rival, en référence à l’assaut meurtrier de militaires français, quelques semaines plus tôt, contre des indépendantistes de Nouvelle-Calédonie preneurs d’otages, alors que M. Pons était ministre des outre-mer.

« De part et d’autre, on affine les comptes, on fait campagne : une nouveauté dans un mouvement qui avait l’habitude d’élire depuis de nombreuses années par acclamation et à l’unanimité le président de groupe », remarque Pierre Servent. La droite doit désormais faire place aux « tendances », aux « courants », termes honnis jusqu’alors. A la fin, c’est Bernard Pons qui gagne.

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Présidence. Le premier rendez-vous de la 16e législature aura lieu mardi 28 juin, à 15 heures, avec la première séance publique présidée par le doyen, José Gonzalez, 79 ans, député Rassemblement national (RN) des Bouches-du-Rhône. Sera notamment élu le président ou la présidente de l’Assemblée nationale. On sait déjà que Yaël Braun-Pivet sera la candidate de la majorité. Elle est la favorite, tandis que Sébastien Chenu compte porter les couleurs du RN. Le lendemain seront nommés les membres du bureau de l’Assemblée.

Finances. Une fois que chaque député aura rejoint l’une des huit commissions permanentes de l’Assemblée, celles-ci se réuniront, jeudi 30 juin, pour élire leurs présidents, vice-présidents et secrétaires respectifs. La commission des finances, aux pouvoirs étendus, ne peut être dirigée que par un élu d’opposition, ce qui donne lieu à un affrontement entre le RN, fort de son score historique de 89 députés élus, et La France insoumise (75 députés), principale force de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale. Le RN va présenter Jean-Philippe Tanguy, tandis que la Nupes doit encore désigner son candidat.

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Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’Etat et gynécologue, visée par une troisième plainte ; des accusations « inacceptables et révoltantes », selon elle

Deux autres plaintes ont été déposées contre la spécialiste de l’endométriose. Elles portent sur des accusations de viol commis dans le cadre de sa profession de gynécologue.

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