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Vendredi 17 juin 2022
Présidentielle 2022
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Le duel entre Ensemble ! et la Nupes à son paroxysme dans l’entre-deux-tours

Pour la dernière journée de campagne avant le second tour des législatives, vendredi, Emmanuel Macron est revenu d’Ukraine en plaidant pour l’unité de la France tandis que Jean-Luc Mélenchon a mis en garde contre une « pagaille » dans le pays si les électeurs ne tranchent pas nettement lors des scrutins de dimanche.

Le président de la République et le chef de file de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) ont alimenté, pendant toute la semaine de l’entre-deux-tours, la dramatisation d’un duel entre leurs deux camps pour tenter d’envoyer le maximum de députés en leur faveur à l’Assemblée nationale, dimanche.

Lire aussi : Macron et Mélenchon, l’affrontement à couteaux tirés

Vendredi, Emmanuel Macron a dit dans un entretien à BFM-TV être revenu « concentré, marqué » par ce qu’il a vu en Ukraine. Les oppositions n’ont cessé, depuis son départ, mardi, de lui reprocher son absence du sol français avec ce déplacement, en Roumanie et en Moldavie, puis dans le pays en guerre, quelques jours avant une échéance électorale. « Le moment était celui qu’il fallait parce que c’est celui où nous étions prêts pour agir en Européens », leur a répondu Emmanuel Macron.

Jean-Luc Mélenchon, de son côté, a insisté sur la nécessité, face à Vladimir Poutine, le président russe, de montrer que « tous les dirigeants politiques français, absolument tous sans exception, sont contre l’invasion de l’Ukraine ». Lors d’une conférence de presse, qui s’est tenue en pleine canicule, il a par ailleurs attaqué « l’inaction climatique » d’Emmanuel Macron qui croit, selon lui, « que le marché va tout régler ».

Lire aussi : L’hypothèse d’une majorité relative, impensé du second quinquennat d’Emmanuel Macron

Les camps macroniste et mélenchoniste, qui devraient constituer les deux principaux blocs de la future Assemblée nationale, ont aussi continué d’alerter sur le risque d’un Hémicycle ingérable en cas de victoire de leurs adversaires. Elisabeth Borne a de nouveau fustigé, vendredi, le « projet dangereux » de la Nupes « pour notre économie », sans compter les « ambiguïtés » de Jean-Luc Mélenchon « sur les valeurs républicaines ». « Aucune voix ne doit manquer à la République », avait insisté Emmanuel Macron avant son départ, mardi – une phrase qui a offusqué plusieurs cadres de la Nupes, le président n’ayant pas précisé s’il visait uniquement l’extrême droite, comme c’était le cas lors de l’élection présidentielle.

Au second plan depuis le début de la campagne, Marine Le Pen n’a cessé de savourer la qualification de 208 de ses candidats au second tour et la perspective, dimanche soir, d’obtenir, pour la première fois depuis 1986, un groupe parlementaire pour son camp à l’Assemblée nationale.

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, accompagne la ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires Amélie de Montchalin à Palaiseau (Essonne), le 14 juin 2022.

(ALAIN JOCARD/AFP)

Dans la 6e circonscription de l’Essonne, la ministre Amélie de Montchalin est en ballottage défavorable face au socialiste Jérôme Guedj.

Pour une ministre chargée de l’écologie, c’est osé. Mais Amélie de Montchalin a-t-elle seulement le choix ? Pour sa campagne de second tour dans la 6e circonscription de l’Essonne, la candidate aux législatives met les gaz. Plein gaz, même, dans la dernière ligne droite avant le scrutin décisif du dimanche 19 juin.

Elle le sait, elle joue gros. Son parcours sans faute en Macronie depuis cinq ans lui vaut d’occuper aujourd’hui le cinquième poste dans le gouvernement d’Elisabeth Borne. Mais elle devra démissionner si les électeurs choisissent le candidat de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), Jérôme Guedj, ancien président du conseil général et député socialiste de l’Essonne.

Le 12 juin, la candidate de la majorité présidentielle (Ensemble !) a obtenu 31,46 % contre 38,31 % pour Jérôme Guedj – elle a fait mieux qu’Emmanuel Macron lors du premier tour de la présidentielle : il avait rassemblé 29,86 % des voix dans cette circonscription contre 30,72 % pour Jean-Luc Mélenchon, puis l’avait emporté au second tour avec 73,08 % contre Marine Le Pen. Ce jour-là, les forces de gauche (pas encore rassemblées dans la Nupes) avaient recueilli 41,52 %.

Dans la campagne du premier tour, Jérôme Guedj et Amélie de Montchalin se sont opposés à fleurets mouchetés en s’envoyant des accusations convenues de « tourisme électoral ». Le ton a changé. Lundi 13 juin, sur CNews, la ministre a accusé la Nupes de « soumission à des idées antisémites », puis a évoqué « certains qui étaient au Parti socialiste, responsables des enjeux de laïcité, des valeurs républicaines, [et qui] aujourd’hui sont estampillés Nupes… Nupes, où certains dans le même camp n’ont aucune difficulté à manifester avec l’antisémite Jeremy Corbyn », ancien chef du Parti travailliste britannique.

Jérôme Guedj, secrétaire national chargé de la laïcité et du pacte républicain au PS, s’est insurgé, écrivant sur Twitter : « Honte à vous Mme de Montchalin. Vous refusez depuis ce matin les débats avec moi proposés par les médias et vous insultez quand vous êtes seule en plateau. Quel avilissement, quelle panique, quel mépris pour le débat républicain… #affligeant. »

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Benoît Floc’h (Essonne, envoyé spécial)

Emmanuel Macron prend la parole sur le tarmac de l’aéroport de Paris-Orly, mardi 14 juin.

(GONZALO FUENTES/AFP)

Une prise de parole, annoncée à la dernière minute, devant l’avion présidentiel floqué du drapeau français, sur le tarmac de l’aéroport de Paris-Orly, avant un départ pour un déplacement international sous l’égide de la présidence française du Conseil de l’Union européenne : Emmanuel Macron a appuyé sur tous les symboles de son mandat renouvelé à la présidence de la République pour appeler, mardi 14 juin, les électeurs à lui permettre de constituer « une majorité solide » à l’Assemblée nationale.

Lire aussi : Emmanuel Macron n’en a pas fini avec l’hyperprésidence

« Rien ne serait pire que d’ajouter un désordre français au désordre mondial », a insisté le chef de l’Etat, avant d’ajouter qu’« aucune voix ne doit manquer à la République ». « Un chef absent, un avion sans pilote », a aussitôt embrayé Jean-Luc Mélenchon, critique du départ d’Emmanuel Macron à quelques jours du second tour. « Je propose qu’on évite les polémiques », a ensuite tempéré le chef de file de La France insoumise, alors que le président se trouvait à Kiev, deux jours plus tard, pour y rencontrer Volodymyr Zelensky.

Aurélien Pradié, député (Les Républicains) de la 1re circonscription du Lot

Aurélien Pradié, candidat Les Républicains dans la 1re circonscription du Lot, en déplacement de campagne à Castelnau-Montratier, le 4 juin 2022.

(MATTHIEU RONDEL/AFP)

S’il se dit toujours inquiet avant un scrutin, Aurélien Pradié sait que, avec ses 45,46 % au premier tour, sa réélection est quasi assurée dimanche 19 juin. Pour autant, précise le député Les Républicains de la 1re circonscription du Lot, rien « n’est jamais sûr », alors il continue sans relâche. Sur la place du marché et plus tard sur l’artère principale, il passe de stand en stand, de magasin en magasin, un mot pour chacun, une question, un bonjour, un sourire. Même les chiens ont droit à leur petite caresse. Un travail méticuleux. « Il fait chaud, ça ne vend pas beaucoup, non ? », demande-t-il dans un kebab. « Ah il n’y a plus de pain, ça veut dire quand même que ça a marché ce matin », se voit complimenter la boulangère. A une passante qui lui assène, « vous avez travaillé, fait plein de choses, mais n’êtes pas allé jusqu’au bout », il prend le temps : « Je vais vous expliquer. »

Son adversaire de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), Elsa Bougeard, elle, critique un homme qui se « réclame du social ici, mais casse tout à Paris ». Cependant, elle lui reconnaît d’avoir été « présent », d’être travailleur.

A Paris, il a bien sûr sa bande d’amis jeunes députés, sensibles aux mêmes thématiques sociales que lui. Mais, si Christian Jacob, le président de LR, lui a accordé sa confiance en le nommant secrétaire général, soit numéro trois du parti, les caciques sont nombreux à se méfier de ce jeune dont ils n’aiment pas les méthodes et les ambitions. Car Aurélien Pradié ne s’en cache pas, il veut imposer une révolution copernicienne au mouvement s’il est réélu. Imaginant même une reprise en main de sa génération, sous son égide. Sinon, prévient-il, la droite peut disparaître. « Tous les tenants d’une ligne droitière ont été balayés, ça ne marche pas. Nous devons parler exclusivement aux classes populaires », précise-t-il. Avant d’assurer : « Il n’y aura plus de synthèse possible. »

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Sarah Belouezzane (Lot, envoyée spéciale)

La déléguée départementale du RN et porte-parole de Marine Le Pen, Edwige Diaz, lors des élections législatives françaises à Saint-Savin, le 12 juin 2022.

(THIBAUD MORITZ/AFP)

Des quelque 200 candidats du Rassemblement national (RN) en lice pour le second tour des élections législatives, Edwige Diaz, dans la 11e circonscription de la Gironde, recueille les faveurs de la patronne. « Bravo Edwige et à la semaine prochaine au Palais-Bourbon ! », lui a écrit Marine Le Pen sur la boucle WhatsApp du très restreint bureau exécutif du RN.

La jeune femme de 34 ans pourrait devenir la toute première députée RN de la Gironde, une terre de gauche et longtemps vierge du vote d’extrême droite. Missionnée depuis 2016 pour immiscer le Front national, l’ancien nom du RN, dans les cœurs et les esprits, Mme Diaz est devenue la pointe avancée du « marinisme » dans l’Ouest.

Pour qu’il y ait une Edwige Diaz, il faut une toile à tisser. La progression de l’extrême droite est amorcée dans les années 1990, sous la houlette de Jacques Colombier, ex-eurodéputé frontiste proche de Jean-Marie Le Pen. En 2015, il prend la nouvelle venue sous son aile, avant de lui passer la main. La trentenaire bûche, ne laisse rien au hasard. « Elle est partout », disent d’elle les habitants, conquis ou méfiants. « Elle laboure, il n’y a pas un bled où elle n’est pas allée », s’émerveille son ami Gilles Pennelle, responsable de la mobilisation au RN.

Au pied des vignes de Blaye, nul ne s’étonne plus que la leader locale du RN parte favorite pour le scrutin du 19 juin. Avec près de 40 % des voix au premier tour, elle affiche l’un des meilleurs scores du RN en France. Elle jouit surtout d’une considérable avance de 16 points, soit 7 000 voix, sur sa rivale, la députée La République en marche (LRM) sortante, Véronique Hammerer. Cette dernière le sait : « La maison brûle, je ne me fais aucune illusion… » Puis se ressaisit : « Mais je n’ai pas à rougir. Cela fait quinze ou vingt ans que ça monte, ce territoire est un laboratoire où le FN a tissé sa toile d’araignée. Certains n’ont pas vu arriver la chose. Maintenant, tout le monde va pleurer. »

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Ivanne Trippenbach (Blaye (Gironde), envoyée spéciale)

Analyse

Elections législatives : la gauche séduit l’électorat des villes

L’électorat urbain, jeune et CSP+ s’est en bonne partie détourné, en 2022, à l’élection présidentielle, comme aux législatives, vers Jean-Luc Mélenchon.

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Archive du « Monde » daté du 17 juin 2017.

Jean-Luc Mélenchon vient d’enchaîner deux campagnes électorales, a perdu vaillamment la première et sait qu’il ne peut se permettre de laisser filer la seconde. Alors, au dernier jour de l’entre-deux-tours des élections législatives de 2017, le chef de file de La France insoumise est fatigué. Malgré l’exploit de sa troisième place à l’élection présidentielle, tout se joue désormais sur la 4circonscription des Bouches-du-Rhône : l’avenir politique de l’ancien sénateur, ministre et député européen s’annonce flou s’il n’accède pas, pour la première fois, à l’Assemblée nationale.

Lire l’archive, en 2017 : A Marseille, Mélenchon joue son va-tout

Cinq ans plus tard, la dynamique de l’union à gauche et sa stratégie payante d’afficher son ambition d’être premier ministre gommeront l’effort que représentent, à 70 ans, plus de deux ans de tournée électorale. En 2017, la concurrence est son moteur : au premier tour des législatives, il est arrivé en tête devant la candidate de La République en marche, Corinne Versini, et, surtout, devant le député sortant socialiste, Patrick Mennucci.

Pour son dernier meeting avant la clôture de la campagne, Jean-Luc Mélenchon dénonce inlassablement « le coup d’Etat social qui se prépare » et le « hold-up » d’Emmanuel Macron. En coulisse, écrivent les journalistes du Monde Gilles Rof et Raphaëlle Besse Desmoulières, la droite de Renaud Muselier (depuis passé dans le camp présidentiel) s’efforce sans le dire de faire perdre Mme Versini, qui pourrait viser la mairie de Marseille. Patrick Mennucci, de son côté, se refuse à donner une consigne de vote et dénonce le « sectarisme », l’« égocentrisme » et la « volonté hégémonique » de son ancien allié. Un petit air de dissidence à gauche, bien avant l’heure.

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  • Samedi 18 juin
  • Quatre-vingt-deux ans. Emmanuel Macron se rend au Mont-Valérien pour une cérémonie de commémoration du 82e anniversaire de l’appel du 18 juin 1940, samedi en fin de matinée. Avec le ministre des armées, Sébastien Lecornu, et la première ministre, Elisabeth Borne, le chef de l’Etat se pliera à l’habituelle visite de la crypte du Mémorial de la France combattante. Une dernière occasion de s’afficher en public pour l’exécutif malgré la fin de la campagne pour les élections législatives.

    Outre-mer. Les électeurs de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique, de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin, de Saint-Pierre-et-Miquelon, de Polynésie et les Français de l’étranger sont en effet appelés aux urnes avec un jour d’avance, samedi 18 juin, pour le second tour des élections législatives, en raison du décalage horaire. Les résultats respectifs seront connus dans la nuit de samedi à dimanche pour les Français de l’étranger et dimanche matin pour l’outre-mer, comme lors du premier tour.

  • Dimanche 19 juin
  • Second tour. Les électeurs français sont appelés à voter pour le second tour des élections législatives en France métropolitaine et en Corse. Les premières estimations pourront être diffusées à partir de 20 heures, avant la publication des résultats officiels par le ministère de l’intérieur tout au long de la soirée et de la nuit. L’ensemble de la rédaction du Monde sera mobilisée pour vous faire suivre, en direct, la dernière journée électorale de l’année 2022.

    « Le scrutin proportionnel ne fait pas confiance aux électeurs, il se méfie d’eux »

    Hervé Gaymard et Arnaud Teyssier

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    Petits villages du Morbihan cherchent conducteurs de cars scolaires désespérément

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