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Édition du mardi 4 octobre 2022
Chaleur humaine
Comment faire face au défi climatique : retrouvez, le mardi à midi, la sélection d’articles de la rédaction du Monde.

Pourquoi Nord Stream est une « bombe climatique »

J’ai écrit pendant plusieurs années sur les ennuis du gazoduc Nord Stream 2 : ce projet de tuyau qui relie la Russie à l’Allemagne en passant par la Mer Baltique était au cœur de toutes les tensions entre l’Union européenne et la Russie, avec en plus des sanctions américaines. (Avec plusieurs collègues nous avons publié cette longue enquête géopolitique, par exemple, en 2021). Mais, dans le débat autour de ce gazoduc, la question climatique n’apparaissait presque jamais : il était question d’indépendance énergétique, de relations avec la Russie, de marché du gaz, mais jamais d’émissions de gaz à effet de serre.

Ce qui s’est produit mardi 27 septembre sur les deux gazoducs Nord Stream 1 et 2 semblait impossible : un « sabotage » a fait céder les deux tuyaux, ce qui a causé des fuites massives de méthane. Et le méthane, on en parle moins que le CO2, alors qu’il joue un rôle important dans le changement climatique. Dans cet article, ma collègue Audrey Garric écrit ainsi : « Si les inquiétudes sont grandes, c’est que les gazoducs, même s’ils n’étaient pas opérationnels, contiennent pour des raisons techniques du gaz naturel, principalement composé de méthane, un gaz à effet de serre très puissant. Son potentiel de réchauffement est bien plus élevé que celui du dioxyde de carbone (CO2) – 82 fois plus sur un horizon de vingt ans, 29 fois plus sur cent ans –, mais il se dégrade plus rapidement. Le méthane est ainsi responsable d’un tiers du réchauffement climatique depuis l’ère préindustrielle, et ses émissions ont fortement augmenté ces dernières années ».

Personne ne sait à ce jour qui est responsable des attaques contre ces gazoducs, mais les auteurs de ces attaques prennent une double responsabilité : celle d’aggraver la guerre à court terme, et celle d’aggraver le réchauffement climatique. S’il est difficile d’estimer quelles quantités exactes de méthane ont été relâchées dans l’atmosphère, il est évident qu’il s’agit d’une très mauvaise nouvelle. Détail important : l’entrée massive d’eau de mer (salée, donc) dans ces gazoducs a de très grandes chances de les rendre inutilisables. Même si Nord Stream est un cas particulier, il doit nous faire réfléchir aux risques pris par l’investissement massif dans la construction d’infrastructures fossiles, dans un monde de plus en plus instable.

VOS QUESTIONS : Pourquoi on ne parle que du CO2 ?

« Bonjour, je comprends qu’on mette l’accent surtout sur le CO2, mais pourquoi ne parlez-vous jamais des autres gaz à effets de serre, et notamment le méthane qui vient surtout de l’élevage ? » (Fabienne, Tous)

Cette question est malheureusement d’actualité : les émissions de méthane sont à 60 % liées aux activités humaines – le reste étant d’origine naturelle. Les rejets proviennent de trois secteurs : l’agriculture (40 % pour l’essentiel les rejets des ruminants), les énergies fossiles (35 %, les fuites de gaz et des mines de charbon) et les déchets (20 %, notamment les décharges). C’est le deuxième gaz à effet de serre en importance après le dioxyde de carbone (CO2) et les émissions de méthane représentent 14 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Bien que le méthane soit émis dans l’atmosphère en plus petites quantités que le CO2, son potentiel de réchauffement est 25 fois supérieur. Par conséquent, les émissions de méthane contribuent actuellement à plus du tiers du réchauffement.

La (seule) bonne nouvelle, c’est que le méthane se dégrade plus rapidement et qu’une action résolue pour faire baisser les émissions, par exemple en travaillant activement sur les fuites de gazoducs, aurait un impact réel sur le processus de changement climatique. Vous pouvez lire ici un autre article d’Audrey Garric sur le sujet : Réduire les émissions de méthane, un puissant levier pour limiter la crise climatique. Merci !

Si cette infolettre vous a intéressé, n’hésitez pas à la faire suivre, elle est gratuite et paraît tous les mardis. Si vous n’êtes pas inscrit, cliquez ici pour le faire.



LE PODCAST DE LA SEMAINE

Comment s’habiller sans détruire le climat et la biodiversité ?

Les Français achètent chaque année 2,5 milliards de vêtements. Une surconsommation qui a un impact considérable sur les émissions de gaz à effet de serre, explique Julia Faure dans ce nouvel épisode de notre podcast « Chaleur humaine ».

Chaleur humaine

Comment s’habiller sans détruire le climat et la biodiversité ?

4 octobre 2022

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L’industrie textile est responsable de 2 % à 4 % des émissions de gaz à effet de serre : l’équivalent du secteur aérien. En cause : la logique de la « fast-fashion » et des marques qui produisent à bas coût de manière intensive. Pourquoi la mode tarde-t-elle à changer ses pratiques ? Quelles sont les autres manières de faire possibles ? Comment procéder pour sortir de la logique des « habits jetables » ?

Julia Faure est la cofondatrice de la marque de vêtements Loom et participe au collectif En Mode Climat, un mouvement d’entreprises du secteur qui veut réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre de la mode. Elle vend des habits mais défend cette idée simple : « Achetez-en le moins possible. »

Un épisode produit par Adèle Ponticelli avec l’aide d’Esther Michon, réalisé par Amandine Robillard qui a également composé la musique originale.

« Chaleur humaine » est un podcast hebdomadaire de réflexion et de débat sur les manières de faire face au défi climatique. Ecoutez gratuitement chaque mardi un nouvel épisode, sur Lemonde.fr, Apple Podcast, Acast ou SpotifyRetrouvez ici tous les épisodes.

Vous pouvez m’écrire pour me faire part de vos avis, idées, et de vos critiques à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr.

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L'ARTICLE DE LA SEMAINE

Au Brésil de Jair Bolsonaro, le recul de la forêt amazonienne en cartes

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L’ampleur des zones déboisées pendant le mandat de Jair Bolsonaro, au pouvoir depuis le 1er janvier 2019, avec le soutien du lobby agroalimentaire, est spectaculaire. D’ici à la fin de l’année, près de 40 000 kilomètres carrés de forêt tropicale auront été rasés au Brésil, soit une surface plus vaste que l’étendue de la Belgique. Le président sortant s’est notamment illustré en démantelant les institutions chargées de la protection de l’environnement ou en réduisant leurs budgets respectifs.

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