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Édition du mardi 28 juin 2022
Chaleur humaine
Comment faire face au défi climatique : retrouvez, le mardi à midi, la sélection d’articles de la rédaction du Monde.

Comment économiser l’énergie

C’est suffisamment rare pour être souligné : dimanche, les patrons de Total, EDF et Engie se sont rassemblés pour demander dans un texte commun aux Français de faire des efforts d’économie d’énergie, pour préparer un hiver prochain qui s’annonce difficile. Avec la guerre en Ukraine, le gaz russe va finir par ne plus arriver du tout en Europe, et les conséquences sont immenses – on en parlait dans cet épisode du podcast Chaleur humaine avec le chercheur Marc-Antoine Eyl-Mazzega. Si cet appel est louable, je ne peux pas m’empêcher de trouver un peu bizarre qu’il émane d’entreprises qui tirent un bénéfice énorme de cette crise grâce à la hausse des prix de l’énergie, plutôt que du gouvernement, qui a bien du mal à insister sur ce point, pourtant crucial.

1 – Ce qu’on peut faire à court terme. Rouler moins vite sur les routes, baisser le chauffage ou éviter d’utiliser une climatisation, limiter ses déplacements en voiture sont de bonnes manières de limiter ses dépenses en énergie et les émissions de CO2 d’un point de vue individuel (ces pistes sont détaillées ici dans un article écrit avec ma collègue Perrine Mouterde). Mais cela n’a de sens que si ces mesures se doublent d’un volet collectif : la convention citoyenne pour le climat avait ainsi proposé de baisser la vitesse sur les autoroutes de 130 à 110 km/h, une mesure qui avait été écartée rapidement par Emmanuel Macron. Une modération sur le chauffage et la climatisation dans les bâtiments publics et les immeubles de bureaux est simple à mettre en œuvre et peut avoir un fort impact. Voir également ici une liste de neuf gestes faciles à faire pour brûler un peu moins d’énergies fossiles que d’ordinaire.

2 – Ce qu’il faut faire maintenant pour demain. Le point principal qui devrait mobiliser les pouvoirs publics : isoler les bâtiments ! Les logements, les écoles, les bureaux, devraient enfin bénéficier d’une campagne de rénovation thermique qui permette de consommer beaucoup moins d’énergie – accessoirement, c’est aussi une manière de créer de nombreux emplois. Deux de mes collègues l’expliquaient bien ici il y a déjà deux ans. Mais il faut (comme plusieurs lecteurs de Chaleur humaine l’ont noté ces derniers jours) que les dispositifs soient clairs, financés et compréhensibles, sinon on n’avance pas. Parmi les autres actions à mener, l’installation de pompes à chaleur pour remplacer les chaudières fioul ou gaz, partout où cela est possible, doit être accélérée, c’est la garantie de se libérer en partie des énergies fossiles importées – mais, là aussi, un accompagnement financier est nécessaire.

3 – Il manque une campagne massive de communication. La campagne présidentielle a rendu les responsables politiques atones sur cette question cruciale. Pourtant, un discours fort est nécessaire : la France avait lancé en 1973 une « chasse au gaspi » face au premier choc pétrolier, il est temps de lancer une « chasse au gaspi climatique » pour réduire la facture d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre en même temps. J’en parlais dans cet article en mars. C’est également ce qu’expliquent deux économistes de l’énergie, Jean-Michel Glachant et Christian Gollier, dans cette tribune au Monde.



LE PODCAST DE LA SEMAINE

Climat : comment sauver l’accord de Paris ?

La diplomate Laurence Tubiana, l’une des architectes de l’accord de 2015 sur le climat, est l’invitée du nouvel épisode de notre podcast « Chaleur humaine ».

Chaleur humaine

Climat : comment sauver l’accord de Paris ?

28 juin 2022

Écouter l'épisode
 

Comment convaincre des pays pétroliers de changer de modèle ? Comment faire entendre la voix des pays les plus concernés par le changement climatique ? L’accord de Paris pour le climat, signé en 2015, a-t-il encore de la valeur, malgré la guerre en Ukraine et la crise énergétique mondiale ?

Cette semaine, « Chaleur humaine » accueille Laurence Tubiana, l’architecte de l’accord de Paris, qui revient sur l’enjeu des négociations climatiques, l’impact de la guerre en Ukraine sur la transition écologique et le poids des mouvements citoyens.

Laurence Tubiana est économiste et diplomate. Elle dirige la Fondation européenne pour le climat et elle a été l’une des principales chevilles ouvrières de l’accord de Paris en 2014 et 2015 pendant la COP21. Elle siège, entre autres, au Haut Conseil pour le climat, une institution indépendante qui conseille le gouvernement sur la question climatique.

Un épisode produit par Adèle Ponticelli, réalisé par Amandine Robillard, qui a également composé la musique originale.

« Chaleur humaine » est un podcast hebdomadaire de réflexion et de débat sur les manières de faire face au défi climatique. Ecoutez gratuitement chaque mardi un nouvel épisode sur Lemonde.fr, Apple Podcast, Acast ou Spotify. Retrouvez ici tous les épisodes.

Pour aller plus loin :

Un article de Perrine Mouterde et Audrey Garric sur les risques de la guerre en Ukraine pour la transition

Un retour sur les promesses de l’accord de Paris

Le portrait de Laurence Tubiana dans l’émission « La Terre au carré » de France inter

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L'ARTICLE DE LA SEMAINE

CLAIRE JACHYMIAK POUR « LE MONDE »

Comment des agriculteurs bouleversent leurs pratiques pour faire face au dérèglement du climat

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Sécheresse, canicule précoce, grêle : les exploitants sont exposés à des pressions climatiques de plus en plus intenses. Pour minimiser les risques, certains diversifient leur cultures. Une voie qui nécessite de repenser complètement le système de production.

« On a beau être un bon technicien, c’est le climat qui fait tout. » Michel Chambrillon montre sa parcelle de pois, dont une grande partie est en voie de nécrose. Le dimanche 5 juin, une partie des champs de cet agriculteur de l’Aube, près de Troyes, s’est trouvée sous un orage de grêle. L’impact des grêlons a été tel qu’une majorité de gousses de pois ont été fendues. « Sur chaque pied, on a six ou sept gousses, dont cinq en moyenne sont perforées et seront perdues. » Les quelques gousses inférieures, moins exposées, ont pu davantage résister et devraient pouvoir être récoltées à la mi-juillet. Au total, Michel Chambrillon estime les pertes à 70 % pour ce champ.

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A LIRE CETTE SEMAINE

Seniors actifs et jeunes tentent de s’unir autour d’une « alliance des générations pour le climat »

Lancé le 23 juin, ce mouvement vise à monter des projets intergénérationnels pour accélérer une transition écologique et énergétique à la peine en France. Il compte parmi ses parrains Jean Jouzel, Corinne Lepage et Hervé Lorenzi.

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Près de 40 % du gaz utilisé par les pays de l’UE vient de Russie, et mettre fin à cette dépendance pourrait avoir des conséquences pour le climat.

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Les cérémonies, vendredi 24 juin, ont mis en lumière le malaise d’une partie de cette jeunesse, faisant écho aux discours récents d’autres élèves, à Centrale Nantes ou AgroParisTech.

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